Sombre “Vendredi 13” pour l’Europe : la récession s’aggrave brutalement

[13/02/2009 17:50:17] BRUXELLES (AFP)

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Evolution trimestrielle et croissance annuelle (Photo : null)

L’Europe s’enfonce dans la récession, avec une contraction jamais vue depuis des décennies de son économie fin 2008 confirmant la gravité d’une crise qui nourrit le nationalisme économique sur le continent et suscite des tensions croissantes entre gouvernements.

Le Produit intérieur brut (PIB) de la seule zone euro a reculé de 1,5% au quatrième trimestre comparé au précédent, selon une première estimation publiée vendredi par l’Office statistique européen Eurostat.

C’est le plus fort recul du PIB sur un trimestre depuis la création de la zone euro, en 1999. La baisse montre aussi que la récession est encore plus accentuée qu’aux Etats-Unis, où la contraction a été de 1% au quatrième trimestre.

“Les derniers chiffres du PIB pour la zone euro confirment que la récession s’aggrave maintenant de façon alarmante” en Europe, commente l’économiste Jennifer McKeown, de Capital Economics. Selon des chiffres recalculés pour la zone euro, “la plus forte baisse avant cela a été un recul de 1,2% en 1974”, souligne-t-elle.

L’économie de l’ensemble de l’Union européenne s’est également contractée de 1,5%. Elle plonge donc à son tour dans la récession –définie par deux trimestres au moins de recul du PIB– qu’elle avait réussi jusqu’ici à éviter.

La zone euro, elle, y était déjà entrée. C’est son troisième trimestre consécutif de repli de l’activité.

Parmi les principales économies de la zone euro, l’Allemagne enregistre un recul de 2,1%, et l’Italie de 1,8%.

La France et l’Espagne, qui avaient réussi jusqu’ici à échapper de justesse à la récession, y plongent à leur tour, avec un repli de 1% pour l’Espagne et de 1,2% pour la France. Pour la France, c’est la plus forte chute trimestrielle depuis 1974 et la crise provoquée par le choc pétrolier.

Sur l’ensemble de 2008, la zone euro, qui comptait quinze pays l’an dernier, enregistre néanmoins une croissance de 0,7% grâce à un bon début d’année.

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Evolution trimestrielle du PIB italien depuis 2006 (Photo : null)

Mais le plus dur devrait être encore à venir. Les prévisions sont très sombres pour 2009: la Commission européenne prévoit un recul du PIB de 1,9%, le FMI de 2%. Les perspectives de début de reprise, espérée d’abord à l’été 2009, s’éloignent.

“Vu le peu de signes de lumière au bout du tunnel, nous nous attendons maintenant à un recul de 3% du PIB cette année”, indique même de son côté Jennifer McKeown.

Ajoutant à l’avalanche de mauvaises nouvelles, les ventes de voitures neuves en Europe, publiées vendredi, ont connu leur pire mois de janvier en deux décennies, avec un effondrement de 27%.

L’aggravation de la crise entretient une tentation au repli sur soi des gouvernements européens, voire au nationalisme économique.

La présidence tchèque de l’UE a annoncé mercredi la tenue le 1er mars d’un sommet européen extraordinaire sur la crise économique, en insistant beaucoup sur la nécessité d'”éviter le protectionnisme”.

En ligne de mire particulièrement: la France, qui est l’objet de multiples reproches depuis l’annonce d’un plan d’aide au secteur automobile qui conditionne certaines aides au maintien des usines dans le pays.

“Le protectionnisme peut revenir par la porte de derrière”, a mis en garde jeudi le directeur général du Fonds monétaire international Dominique Strauss-Kahn.

Cette controverse ajoute aux divisions croissantes entre pays européens sur la manière d’agir face une récession considérée comme la pire qu’ait connu le continent depuis plus de 60 ans, qui suscite des inquiétudes sans cesse grandissantes.

“Cette crise est profonde, elle sera longue. Nous voyons bien (…) que les perspectives de redémarrage s’éloignent”, a constaté mercredi le Premier ministre français François Fillon.