La Bourse de Londres se donne un capitaine français pour traverser la crise

[13/02/2009 18:32:16] LONDRES (AFP)

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çais, Xavier Rolet, (Photo : Carl de Souza)

La Bourse de Londres a choisi un banquier français, Xavier Rolet, pour succéder à l’intransigeante néerlandaise Clara Furse à la tête du London Stock Exchange (LSE) et pour l’aider à traverser la tourmente financière.

M. Rolet, 49 ans, prendra ses fonctions le 20 mai à la tête de la vénérable institution de la City.

Le nouveau directeur général est un spécialiste de la banque d’investissement et des marchés d’actions. Il a occupé des fonctions élevées dans les plus grands établissements, Goldman Sachs, Credit Suisse, Dresdner Kleinwort Benson et de 2000 à 2008, dans la banque américaine Lehman Brothers, dont la chute en septembre a été le détonateur de la crise financière puis économique actuelle.

Dans ses dernières fonctions, il dirigeait Lehman Brothers en France.

Nouveau venu à la Bourse de Londres, M. Rolet a été préféré à des personnalités déjà en place, comme Massimo Capuano, l’ancien directeur général de la Bourse de Milan acquise en 2007 par le LSE, et actuel vice-directeur général de celui-ci.

Son arrivée a visiblement réjoui les investisseurs, puisque le titre LSE caracolait en hausse de 6% après cette annonce.

Xavier Rolet s’est dit “particulièrement enthousiasmé” de rejoindre le LSE, et de pouvoir “contribuer à la poursuite de son succès en développant encore, dans la foulée de Clara, son grand potentiel international”.

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ésident du LSE, Chris Gibson-Smith, le 21 avril 2008 à Londres (Photo : Carl de Souza)

Le président du LSE, Chris Gibson-Smith, a estimé que M. Rolet était “placé de manière unique pour amener le groupe à sa nouvelle phase de développement”, insistant sur “sa profonde connaissance de la clientèle” et sa vision stratégique.

La connaissance de la clientèle est manifestement l’atout majeur de ce polyglotte (il parle cinq langues), alors que de multiples concurrents au LSE ont fleuri sur la place de Londres, après l’entrée en vigueur de la directive européenne sur les Marchés d’instruments financiers, en novembre dernier : Turquoise, Chi-X, Instinet… grignotent chaque jour le marché du LSE malgré ses équipements électroniques dernier cri.

Mme Furse part cependant avec les honneurs, après huit ans à la tête du LSE où elle a connu une toute autre situation.

A la tête d’un navire puissant et en situation de monopole, tandis que grossissait dans l’ombre la tempête financière qui sévit actuellement, la directrice a surtout été occupée à défendre le LSE des convoitises dont il était l’objet, en pleine vague de consolidation des places mondiales.

Elle a successivement repoussé des tentatives plus ou moins précises de la Deutsche Börse allemande, d’Euronext désormais allié au NYSE américain, ou de la banque australienne Macquarie, renonçant même à une alliance tentante avec le courtier Icap.

L’attaque la plus aboutie a été celle de la bourse américaine Nasdaq, qui a jeté l’éponge en février 2007 après avoir acquis 29% du capital. Depuis, le Nasdaq s’est allié à la Bourse nordique OMX et a revendu sa part du LSE à la Bourse de Dubai, tandis le LSE a fini par s’allier avec la Borsa Italiana.

Ses deux principaux actionnaires sont la Bourse de Dubai avec environ 20% et l’autorité d’investissement du Qatar qui en possède 15%.

M. Rolet trouvera donc un LSE qui a perdu de sa superbe : le prix de l’action a été divisé par plus de quatre depuis son record de janvier 2008, le nombre d’introductions en Bourse est en chute libre, et, si le nombre de transactions demeure solide, leur valeur a été fortement réduite, avec par exemple une chute de 34% de la valeur des groupes du Footsie-100 fin 2008.