Ceux
qui ont visité le Salon international des équipements de l’hôtellerie et de
la restauration (SIHER 2009), lors de ses trois premiers jours, se sont
sûrement rendus compte de la lourdeur de l’ambiance régnant au sein de la
salle d’exposition à La Charguia. Le SIHER, pourtant connu pour être très
animé et assez bien fréquenté par des visiteurs tous issus du monde de
l’hôtellerie, des équipements hôteliers et tout ce qui s’en suit comme
secteurs intimement liés au tourisme, n’a pas fait honneur à sa réputation
de foire qui ne désemplit pas. Le climat pluvieux et très froid en serait-il
la cause ? C’est plutôt un autre climat qui a pesé de tout son poids dans
cette 20ème édition, celui de la crise et exprimant clairement la frilosité
des opérateurs mettant tous leurs projets pour de nouveaux investissements
en stand bye en attendant que l’horizon s’éclaircisse et que les
orientations du marché touristique deviennent plus précises.
L’autre raison serait-elle un manque de communication de la part des
organisateurs qui n’ont pas su communiquer, comme il le faut, sur le salon
auprès des professionnels du secteur ? «Il n’y a pas eu assez de
communication sur le salon. Jusqu’à aujourd’hui, on n’a pas vu de visiteurs
de qualité. Espérons que ça sera différent lors des deux derniers jours et
que nous aurons des contacts», a affirmé M. Walid El Memmi, directeur
commercial de la société Socodisse, spécialisée dans l’accueil et les
cosmétiques.
Certains parlent même de déception. «J’ai un partenaire étranger qui est
venu ce matin pour visiter le salon et il m’a déclaré être déçu. Il est
clair que le salon ne répond pas aux attentes des professionnels du secteur,
qu’ils soient tunisiens ou étrangers. Le local n’est plus présentable pour
une manifestation de grande importance comme SIHER», a déclaré un exposant.
D’ailleurs, en parcourant le salon, on se rend compte, cette année, qu’il y
a une absence d’exposants étrangers. Seuls des représentants tunisiens de
groupes étrangers sont présents.
L’ombre de la crise…
Nul doute que l’ombre de la crise règne sur le salon. «Il y a un climat
d’indécision qui règne sur tout le secteur. Nous avons fait quelques
contacts, mais on ne sait pas si ça va apporter des fruits ou non. On devra
attendre le dernier jour du salon pour voir. La plupart des investisseurs
ont démarré leurs projets, mais vu l’ambiance des derniers mois, rien n’est
moins sûr qu’ils achèvent l’équipement de leurs unités», nous a souligné
Mounir Bergaoui, gérant de la société MHS (Mathotel Sahel).
Pour cet investisseur dans le domaine hôtelier, l’instabilité du prix du
baril de pétrole mais aussi les risques de change sont deux raisons qui font
que les hôteliers hésitent encore à aller de l’avant dans leurs
investissements. «On ne peut rien prévoir. Les perspectives ne sont pas
claires. Les prévisions doivent se faire sur le très très court terme»,
a-t-il ajouté.
Déjà, au début du mois de février, nous raconte M. Bergaoui, qu’il a reçu un
coup de fil d’un fournisseur étranger lui proposant une remise de 5% sur un
devis, commandé il y a un an (février 2008), et avec le même prix de l’année
précédente ; alors qu’il a refusé catégoriquement cela au moment de la
commande du devis. «Ça explique tout», nous a-t-il dit.
Taux de fréquentation faible
Même ambiance chez Tunisie Porcelaine où on se plaint d’un taux d’une faible
fréquentation par rapport à 2008, mais aussi d’une stagnation de l’activité
hôtelière, au niveau de l’ouverture de nouveaux hôtels et restaurants. «On a
fait des contacts, mais pas très approfondis. Ce sont surtout nos clients
traditionnels qui viennent visiter le stand. Même tendance auprès des
visiteurs étrangers, on n’a pas vu une grande affluence», a indiqué Slim
Baklouti, responsable commercial hôtellerie et collectivités.
Pour Ridha Debbabi, directeur commercial de la société BEH (les Biens d’Equipements
Hôteliers), il s’agirait essentiellement de l’influence des salons
étrangers. «La plupart des hôteliers voyagent à l’étranger pour découvrir
les nouveautés dans le secteur. Pour les professionnels, ça se découvre à
l’étranger et non ici. D’ailleurs, comme vous le voyez, il n’y a pas de
nouveautés pour cette édition», a-t-il précisé. Pour certaines sociétés, la
participation aux salons n’est plus une obligation puisqu’ils ont des shows
room et des points de vente permettant à leurs clients de s’adresser à eux
directement. Pour ce qui est des perspectives, M. Debbabi a déclaré qu’il y
a un manque de visibilité totale, surtout pour la saison balnéaire, à cause
d’une crise qu’il estime «catastrophique».
Pour SIHER 2009, il faudrait attendre le dernier jour pour faire le bilan de
cette édition. Il s’agirait plutôt d’un coup de chance pour les participants
au salon. Ombre de crise, problème d’organisation, absence de nouveautés,
ils sont tous des facteurs qui concourent à un manque de visibilité au
niveau du secteur. Espérons que les deux journées qui restent pour le salon
apporteront une lueur d’espoir pour les exposants de SIHER 2009.