Blocage total dans le conflit aux Antilles

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évrier 2009 au Moule, en Guadeloupe (Photo : Julien Tack)

[15/02/2009 23:29:45] POINTE-A-PITRE (AFP) Le blocage semblait total dimanche dans les Antilles françaises, où le ton est monté après près de quatre semaines de grève contre “la vie chère”, rien ne semblant en voie de relancer rapidement les négociations, tout particulièrement en Guadeloupe.

Après la démonstration de force du “collectif contre l’exploitation” (LKP), qui mène la grève depuis le 20 janvier en Guadeloupe et a rassemblé samedi entre 9.000 (police) et 50.000 (organisateurs) manifestants, des sources craignaient même un durcissement.

Le LKP a refusé de suivre les élus de gauche qui l’avaient appelé samedi “à un assouplissement de la grève” et à cesser d’obliger les commerces à fermer. Ils ont invoqué l’asphyxie économique de l’île et se sont engagés à un effort financier en faveur des bas salaires pour relancer les négociations.

“Le mouvement ne s’essoufle pas, il s’amplifie”, a prévenu le leader du LKP, Elie Domota, qui a durci le ton, accusant l’Etat de vouloir “tuer les Guadeloupéens” en envoyant des renforts de gendarmes.

Plusieurs sources estimaient que des barrages routiers pourraient être dressés, ce que ne confirme pas Charlie Lando, l’un des lieutenants de M. Domota. S’il appelle à “poursuivre” la grève et “à l’amplifier”, il estime qu’il n’y a pas lieu de la “durcir” car “le mouvement se durcit de lui-même”.

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éenne devant le rayon vide d’un supermarché, le 14 février 2009 à Pointe-à-Pitre (Photo : Julien Tack)

Les responsables du collectif exigent toujours que l’Etat respecte “ses engagements” en terme d’augmentation de salaires, mais le gouvernement conteste avoir accepté de compenser des hausses de salaires. Le conseiller social de l’Elysée, Raymond Soubie, a de nouveau renvoyé dimanche la question aux “partenaires sociaux”.

Mais “aucun rendez-vous” n’est prévu avec le patronat, selon M. Lando.

Même blocage à la Martinique, où le “collectif du 5 février”, qui mène depuis 10 jours la grève, a claqué samedi la porte de négociations avec la grande distribution sur des baisses de prix et attend d’elle un accord écrit pour reprendre les discussions.

D’ici là, le collectif a appelé à une “grande mobilisation” lundi matin.

Yves Jégo se dit dans le Parisien de lundi “confiant” pour l’issue de la crise en Martinique. En revanche, pour la Guadeloupe, “c’est plus compliqué” estime le secrétaire d’Etat à l’outre-mer qui demande au patronat de “formuler une proposition complète très rapidement”.

Ce n’est pas du goût du Medef de Guadeloupe qui a “l’impression d’être le seul à essayer de trouver des propositions”, a affirmé son président Willy Angèle.

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ésentation de la Guadeloupe et la Martinique

De son côté, le PS demande à Nicolas Sarkozy “de s’exprimer” sur la crise pour marquer le “retour nécessaire de l’Etat” dans les négociations.

A Fort-de-France, il était encore très difficile de faire le plein, la plupart des stations service étant fermées par manque de carburant.

Sur le front touristique, la situation est “catastrophique” selon le président de la fédération des hôteliers Nicolas Vion, alors que les vacances de février des Parisiens viennent de commencer. “Le taux d’occupation est de 20 à 30% au lieu de 90 à 100%”, a-t-il expliqué à l’AFP.

Des salariés ont du être mis en congés forcés ou au chômage technique.

Trois hôtels de Saint-Anne, dont le Club Med, ont cessé d’accueillir des clients, faute d’un “service acceptable”, selon M. Vion qui constate amèrement que la plage est déserte. “Je n’ai jamais vu ça”.

Beaucoup d’observateurs ne voient pas d’issue rapide, en tous les cas pas avant mercredi, date du sommet social à l’Elysée.