Nouveau coup dur pour Santander : un de ses fonds ne peut pas rendre l’argent

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à Madrid, en octobre 2008 (Photo : Philippe Desmazes)

[16/02/2009 17:49:47] MADRID (AFP) Le géant bancaire espagnol Santander, première banque de la zone euro par capitalisation, a annoncé lundi qu’un de ses fonds de placement immobilier ne pouvait pas rendre l’argent aux investisseurs et a demandé le gel des remboursements pendant deux ans, nouveau coup pour l’image de la banque déjà écornée par le scandale Madoff.

“De nouveau, il y a des problèmes”, a commenté à l’AFP Diego Barron, analyste de la banque Fortis, en référence aux soucis d’image de la banque ces derniers mois.

Cette fois-ci, le problème ne vient pas des Etats-Unis, comme ce fut le cas de la fraude Madoff ou de la faillite de Lehman Brothers, deux événements qui ont affecté la banque, mais d’Espagne, et plus précisément de l’immobilier, un secteur sinistré par la crise.

L’effet financier direct pour la banque ne devrait pas être colossal, de l’ordre de 300 millions d’euros au maximum, mais les dégâts pour l’image peuvent être plus lourds.

Un fonds d’investissement du groupe, Santander Banif Inmobiliario, géré par la filiale du groupe Santander Real Estate, ne peut pas rendre les 2,617 milliards d’euros réclamés par les clients.

“Le fonds manque des liquidités nécessaires pour faire face au paiement total de cette somme” et Santander a “demandé l’autorisation de la CNMV (l’autorité des marchés, ndlr) de suspendre le remboursement des participations pour une période de deux ans”, selon un communiqué.

Santander Banif Inmobiliario avait un patrimoine de 3,409 milliards d’euros à la fin 2008, selon un document du groupe.

“C’est un fonds dont l’objectif est d’acheter des immeubles pour les exploiter en location”. La rentabilité est déterminée notamment par les revenus générés par la location et la revalorisation annuelle des immeubles, selon ce document.

Cette rentabilité s’est effondrée en 2008. Alors qu’elle était supérieure à 5,8% par an entre 2000 et 2007, elle n’a été que de 1,37% en 2008, selon cette source.

Désormais, Santander Banif Inmobiliario prévoit de rembourser au compte-gouttes, par tranche de 10% de son patrimoine. Pour pouvoir faire face, “le fonds épuisera sa capacité d’endettement (…) et vendra des actifs”, selon le communiqué.

Or, l’immobilier en Espagne est en crise, avec des ventes en chute libre et des prix en baisse.

Si les ventes d’immeubles sont insuffisantes, Santander mettra la main au portefeuille en acquérant des titres du Fonds, jusqu’à un maximum de 9%.

L’exposition financière maximale de Santander représente donc 9% du fonds, soit environ 300 millions d’euros.

“Ce n’est pas une exposition énorme”, a jugé M. Barron, mais “au niveau de la réputation, c’est un nouveau coup”.

Car Santander a été vertement critiquée récemment.

C’est une des banques ayant le plus exposé ses clients à la fraude du financier américain Madoff, à hauteur de 2,33 milliards d’euros.

Pour calmer le scandale et tenter d’éteindre les plaintes, elle a proposé de restituer l’investissement initial sous forme de titres.

Par ailleurs, certains des clients de sa banque privée Banif ont été affectés par la chute de l’américain Lehman Brothers, pour un montant jamais confirmé de près de 400 millions d’euros. Là encore, Santander aurait proposé un arrangement.

Tout cela n’a pas empêché la banque de dégager un bénéfice net de 8,87 milliards d’euros en 2008. Elle a, par ailleurs, procédé à plusieurs acquisitions d’autres banques, proclamant sa solidité dans la tourmente.

A la Bourse de Madrid, l’action a fini en baisse de 4,02% dans un marché en baisse de 2,30%, alors que toutes les valeurs bancaires étaient dans le rouge.