[17/02/2009 08:56:11] TOKYO (AFP)
ès avoir annoncé sa prochaine démission, le 17 février 2009 à Tokyo |
Le ministre japonais des Finances Shoichi Nakagawa a annoncé mardi sa démission après avoir été soupçonné d’excès de boisson lors d’une réunion du G7, infligeant un nouveau coup dur au gouvernement conservateur de Taro Aso dont la popularité est en chute libre.
Connu pour son goût immodéré pour la boisson, M. Nakagawa s’était présenté apparemment dans un état second lors d’une conférence de presse, à l’issue de la réunion des ministres des Finances et banquiers centraux du G7, samedi à Rome.
Les télévisions nippones l’ont montré le teint rouge, le regard vague, la bouche empâtée, trébuchant sur les mots, incapable de comprendre les questions ni de terminer ses phrases, s’endormant même à plusieurs reprises.
“Je voudrais présenter à nouveau mes excuses pour avoir causé un trouble immense lors de cette conférence de presse”, a déclaré M. Nakagawa mardi, avant d’annoncer qu’il quitterait le gouvernement après le vote par le Parlement du budget de l’Etat pour l’année 2009-2010, en principe fin mars.
Selon les médias, il sera alors remplacé par Kaoru Yosano, l’actuel ministre de la Politique économique et budgétaire.
M. Nakagawa a toutefois nié avoir été ivre, justifiant son état par le décalage horaire et par un excès de médicaments antigrippaux. Il a même reniflé et toussé bruyamment devant la presse pour donner plus de crédit à son excuse.
économique et budgétaire Kaoru Yosano, le 16 février 2009 à Tokyo (Photo : Toru Yamanaka) |
“Je me suis rendu à l’hôpital la nuit dernière, et ce matin on m’a diagnostiqué un mal de reins, un rhume et de la fatigue. Je ferai de mon mieux pour exercer mes fonctions au cours des jours qui me restent. J’espère que l’économie japonaise se rétablira le plus tôt possible”, s’est-il lamenté.
Auparavant, lors d’une audition devant des parlementaires, le ministre avait admis avoir “goûté un petit peu” de vin au cours du déjeuner qui a précédé la conférence de presse. “Mais je ne l’ai pas avalé!” avait-il aussitôt ajouté, s’attirant une rafale de rires sarcastiques.
Ce scandale fait l’affaire de l’opposition de centre-gauche, qui surfe depuis quelques semaines sur une courbe ascendante dans les sondages alors que le Premier ministre Aso a vu son taux de popularité plonger sous la barre des 10%. L’opposition, qui contrôle le Sénat, avait exigé le limogeage de M. Nakagawa et menacé de déposer une motion de censure.
Plusieurs membres du gouvernement et dirigeants du Parti libéral-démocrate (PLD), la formation de droite au pouvoir au Japon, avaient également publiquement souhaité le départ de M. Nakagawa.
“Il n’avait d’autre choix que d’assumer ses responsabilités”, a commenté Yasuhisa Shiozaki, un membre du PLD et ancien numéro deux du gouvernement, qui a toutefois jugé “difficile de comprendre” que M. Nakagawa ne quitte pas immédiatement ses fonctions. “Je crois que cela aurait été mieux s’il avait démissionné proprement et rapidement”, a jugé M. Shiozaki.
économique Kaoru Yosano, le 14 octobre 2008 à Tokyo (Photo : Yoshikazu Tsuno) |
Le scandale Nakagawa survient à sept mois d’élections législatives que, selon tous les sondages, le PLD est assuré de perdre. Utilisant son pouvoir d’obstruction au Sénat, l’opposition tente depuis des mois d’obtenir un scrutin anticipé.
“L’impact de la démission sur le gouvernement Aso est extrêmement élevé”, a estimé Susumu Takahashi, politologue à l’Université de Tokyo.
“Les jours de l’exécutif sont comptés”, a-t-il poursuivi, en prédisant une démission de M. Aso une fois le budget de l’Etat adopté en mars.
Selon lui, “la question est maintenant de savoir qui succèdera à Aso au PLD. Le PLD ne peut pas se permettre de convoquer des élections” anticipées.