éléphone portable (Photo : Fred Dufour) |
[18/02/2009 08:57:12] BARCELONE, Espagne (AFP) Inciter à se faire vacciner ou à passer le test HIV, surveiller la santé des populations rurales, compléter des systèmes publics déficients : dans les pays en développement, le téléphone mobile ne sert plus seulement à appeler, il peut aussi soigner.
“Quand on voit qu’il y a 2,2 milliards de téléphones mobiles dans les pays en développement, 305 millions d’ordinateurs mais seulement 11 millions de lits d’hôpitaux, on se rend compte immédiatement à quel point les mobiles peuvent apporter des solutions efficaces à des problèmes de santé”, explique Terry Kramer, directeur de la stratégie de l’opérateur britannique Vodafone.
Alors que le Congrès mondial de la téléphonie mobile s’achève jeudi à Barcelone, la fondation des Nations Unies, la fondation Rockefeller et celle de Vodafone en ont profité pour attirer l’attention du secteur sur ce sujet en lançant l’Alliance pour la santé par le mobile (Health Alliance).
L’objectif de cette organisation sera de donner un coup d’accélérateur aux actions de santé menées, via le téléphone, dans les pays en développement. Un domaine dans lequel les opérateurs auraient l’occasion de stimuler l’usage du mobile tout en se donnant une belle image.
Plusieurs dizaines d’initiatives existent déjà. En Inde, en Afrique du Sud et en Ouganda, un questionnaire envoyé par SMS permet aux habitants de vérifier leurs connaissances sur le sida. Selon leurs réponses, les informations sur le centre de dépistage le plus proche peuvent leur être envoyées sur leur mobile.
Au Mexique, MedicallHome a lancé dès 1998 une assistance téléphonique (qui se décline aussi en SMS) pour répondre aux questions de santé, dans un pays où la moitié de la population n’a pas de couverture médicale et où les téléphones mobiles sont cinq fois plus nombreux que les fixes.
“Dans 60% des cas, nous pouvons remplacer le médecin !”, promet Pedro Yrigoyen, co-fondateur de MedicallHome, selon qui d’ailleurs il est nécessaire de le faire : “Le système de santé public en général est débordé (…), les gens attendent des heures juste pour voir un docteur”.
“Les technologies innovantes pourraient réduire la pression sur les systèmes publics de santé”, parfois dépassés dans les pays émergents, renchérit Daniel Carucci, vice-président du département Santé de la fondation des Nations Unies.
L’internet mobile permet aussi au personnel médical dans les zones rurales de transmettre facilement les informations sur leurs patients et donc de mieux surveiller l’état sanitaire d’une population.
Un système de collecte d’informations sur les épidémies de dengue via le mobile fonctionne au Brésil depuis octobre, en partenariat avec Nokia, permettant aux autorités d’agir plus rapidement.
Ce créneau commence à intéresser les pays développés, où a été lancé le suivi des personnes diabétiques, qui vérifient leur taux de sucre sur un appareil connecté au mobile, mais aussi des personnes cardiaques ou atteintes d’Alzheimer.
“L’un des principaux défis, dans le domaine de la santé via le téléphone mobile, c’est que les gens qui ont le plus besoin de soutien médical sont en général plus âgés: soit ils n’utilisent pas le mobile soit ils ne sentent pas à l’aise avec”, d’où la nécessité de faire simple, estime Elizabeth Boehm, analyste chez Forrester.
De manière plus anecdotique, le service “Foodphone”, lancé aux Etats-Unis, propose de prendre en photo ce que l’on mange avec son téléphone puis d’envoyer la photo à des nutritionnistes qui jugent si le repas a été diététique.