La Fed se fixe des objectifs chiffrés de croissance, d’inflation et d’emploi

[18/02/2009 21:20:33] WASHINGTON (AFP)

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ège de la FED à Washington le 8 octobre 2008 (Photo : Karen Bleier)

La Réserve fédérale américaine (Fed) a annoncé mercredi dans un communiqué qu’elle s’était fixé pour la première fois de son histoire des objectifs chiffrés de croissance, d’inflation et d’emploi à long terme.

Cette décision a été prise lors de la réunion de son comité de politique monétaire des 27 et 28 janvier, dont les minutes ont été publiées mercredi.

La banque centrale américaine, créée en 1913, a pour objectifs généraux, dans ses statuts, d’avoir une politique monétaire compatible avec la stabilité des prix et un niveau d’emploi maximal.

Elle s’est désormais fixée comme objectifs, sur le long terme, une croissance annuelle du produit intérieur brut de 2,5% à 2,7%, une hausse annuelle des prix de 1,7% à 2,0%, et un niveau de chômage limité entre 4,8% et 5,0%.

Ces chiffres seront rediscutés chaque trimestre, au moment où le comité de politique monétaire de la Fed (FOMC) livrera ses prévisions économiques, a ajouté la banque centrale dans son communiqué.

Ce choix d’objectifs chiffrés est une rupture historique dans la politique monétaire de la Fed, qui avait jusque-là suivi une ligne flexible lui permettant de s’adapter rapidement aux conditions économiques.

Contrairement à elle, la Banque centrale européenne, qui a dans ses statuts depuis sa création en 1998 l’unique mission de permettre la stabilité des prix, s’était toujours fixé un objectif chiffré d’inflation. Il est actuellement fixé à un niveau “sous mais proche des 2% à moyen terme”.

Les objectifs chiffrés de la Fed “peuvent être interprétés comme les estimations des participants au FOMC des taux de croissance, de la production et de chômage qui paraissent soutenables à long terme, en prenant en compte d’influences importantes telles que les taux de croissance tendanciels de la productivité et de la population active, les améliorations dans la formation et le savoir-faire de la main-d’oeuvre, l’efficacité du marché du travail pour faire correspondre les travailleurs et les emplois, les politiques publiques touchant au progrès technologique ou au marché du travail, et d’autres facteurs”, selon le communiqué.

Et l’objectif d’inflation est celui que la Fed “voit comme le plus cohérent avec l’idée d’atteindre les objectifs de niveau maximal d’emploi et de stabilité des prix”.

A court terme, la Réserve fédérale a révisé à la baisse sa prévisions de croissance pour l’année. Elle prévoit désormais une baisse de 1,3% à 0,5% du PIB en 2009 par rapport à l’année précédente.

La Fed dit tenir compte “d’indicateurs économiques plus faibles que prévu ayant plus qu’effacé une révision à la hausse de l’hypothèse sur le montant du plan de relance à venir”.

En revanche, la banque centrale a “révisé légèrement à la hausse” les prévisions de croissance de 2010, du fait d’une “relance monétaire et budgétaire plus généreuse, ainsi que des effets de prix du pétrole et de taux d’intérêt à long terme plus modérés”. La croissance serait de 2,5% à 3,3%.

La Fed a estimé par ailleurs mercredi que “le chômage augmenterait de manière importante jusqu’au début 2010, avant de redescendre légèrement le reste de l’année”. Selon ses prévisions, il atteindrait 8,5% à 8,8% en 2009, puis 8,0% à 8,3% en 2010.