L’UMA a 20 ans… Les Maghrébins s’en moquent !?

L’Union du Maghreb Arabe (UMA) a fêté, le 17 février, son
20ème anniversaire. L’UMA a en effet été fondée en 1989, en ce mémorable Sommet
de Marrakech, auquel ont participé les gouvernants de Tunisie, de Libye,
d’Algérie, du Maroc. Le traité constitutif de l’UMA a ainsi été signé avec pour
objectif affiché de réaliser le vieux rêve caressé à l’aube des Indépendances.

Les uns et les autres se renvoient la balle en un derby au sommet. Les
peuples qui devraient avoir leur mot à dire ne font, eux non plus, pas beaucoup
d’effort. Même nos journalistes ne semblent pas accorder beaucoup d’intérêt au
sujet. Quel espace est-il consacré au Maghreb dans nos journaux ? Combien de
papiers sur la Tunisie lit-on dans la presse algérienne ou marocaine ? Les
quelques pages consacrées à l’actualité internationale ne sont-elles pas
prioritairement dédiées au Proche-Orient, à l’Europe, à l’Amérique ? Si les
articles sur la France contribuent à faire vendre les magazines algériens ou
marocains, y trouve-t-on des sujets tunisiens, à l’exception de ceux consacrés
au football, à l’occasion des derbies tuniso-algériens ? Qu’est-ce qui
empêcherait nos collègues d’écrire plus souvent sur la Tunisie ? Le désintérêt
de leurs lecteurs désabusés ou… le Sahara Occidental ?

Quelques initiatives méritent cependant d’être saluées. Comme notamment
celles à l’origine de la fondation de la la Banque maghrébine d’investissement
et de commerce extérieur (BMICE), qui a son siège à Tunis, et l’Union maghrébine
des employeurs (UME). On notera toutefois au passage que le plus fervent des
supporters de cette institution financière est à trouver du côté du Fonds
monétaire international. Et voici que le FMI tant décrié pour ses plans
d’ajustement structurel en arrive à incarner le rêve maghrébin. A défaut de
mieux… Sans doute une victime collatérale du… Sahara Occidental ?!

Mais allons. Sachons raison garder. Bon an mal an, nos échanges commerciaux
avec l’ensemble des pays maghrébins sont passés de 3 milliards de dinars
tunisiens en 2007 à 45 milliards de dinars en 2008. Une évolution sans doute
positive, même si elle ne pèse pas lourd. A peine 4% du volume de nos échanges
extérieurs… Le tourisme maghrébin, lui, émerge, peu à peu. Mais d’une manière
quasi-accidentelle. On a fini par compter sur l’arrivage estival de nos frères
algériens, bienvenus, puisqu’il s’agit de combler le vide laissé par les
Européens. Les mesures d’encouragement prises récemment pour leur faciliter
l’accès interviennent plus pour canaliser un flux que pour l’impulser. Nos
voisins ne les ont pas attendues pour débarquer. Surtout qu’ils ne peuvent plus
se dorer (la pilule) sur les plages d’Agadir ou de Tanger. Sahara Occidental
oblige.

Si les institutions gouvernementales ont du mal à démarrer, engluées qu’elles
sont dans les sables sahariens, qu’en est-il réellement de la société civile ?
Des chefs d’entreprise ? Si les patrons tunisiens s’activent (un peu) plus que
leurs homologues maghrébins, cela suffit-il pour les affubler du masque du
pionnier ? L’un des produits les plus emblématiques du renouveau économique
marocain, la Logan, la fameuse voiture populaire montée au Royaume chérifien, a
beau compter les clients potentiels par milliers en Tunisie, on ne la voit
toujours pas circuler dans nos rues. Aurait-elle été engloutie, sur la route,
dans les sables du Sahara Occidental ?!!