L’Europe se fixe une stratégie énergétique mais peine à agir concrètement

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évrier 2009 à Bruxelles (Photo : John Thys)

[19/02/2009 12:20:38] BRUXELLES (AFP) Un mois après la grave crise gazière russo-ukrainienne, l’Europe se fixe jeudi une stratégie énergétique commune ambitieuse, mais peine à oublier ses égoïsmes nationaux pour financer immédiatement des projets concrets.

Les ministres européens chargés de l’Energie, réunis à Bruxelles, doivent approuver un plan d’action pour assurer la “sécurité” énergétique de leurs concitoyens.

“Il n’est pas facile de convaincre l’Europe d’avoir une approche commune” mais la notion clef de solidarité “doit avoir une vraie substance”, a insisté la veille Alexandr Vondra, vice-Premier ministre tchèque chargé des affaires européennes, dont le pays préside l’UE.

La stratégie fixe six projets d’infrastructures à développer prioritairement pour diversifier les sources d’approvisionnement.

Les 27 veulent développer un “corridor gazier du Sud”, faisant transiter vers l’UE du gaz de la mer Caspienne ou du Proche-Orient, en évitant la Russie. Y figure notamment le projet européen phare Nabucco, un gazoduc de 3.300 km qui doit passer par la Turquie.

Ils promettent de mieux relier au reste de l’UE les Pays baltes, formant un îlot énergétique historiquement dépendant de Moscou.

Autres chantiers: les infrastructures de gaz naturel liquéfié, un réseau d’éoliennes offshore en mer du Nord, l’amélioration de l’interconnexion entre l’Europe et le Sud méditerranéen, ainsi qu’une amélioration de l’axe européen nord-sud.

L’idée est de donner une forte impulsion politique à des projets nécessitant de colossaux investissements.

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Projet de gazoduc entre la Russie et l’Ukraine

La confiance de l’Europe envers Moscou et Kiev a été ébranlée par deux semaines de coupure totale de gaz en janvier. Et les ministres européens discuteront de “mécanismes d’urgence” pour parer à de futures menaces.

La crise russo-ukrainienne, qui a gravement affecté des pays comme la Bulgarie ou la Slovaquie, est restée sous contrôle grâce à des gestes spontanés de solidarité entre pays voisins.

Bruxelles veut formaliser cette entraide régionale par des mécanismes automatiques et une meilleure transparence du marché gazier. L’Europe pourrait aussi “systématiser le principe d’observateurs indépendants” en cas de rupture des livraisons, note un diplomate.

La Commission doit présenter cette année une proposition sur le gaz, qui sera un nouveau test de solidarité pour l’UE.

En revanche, toute idée de créer des stocks stratégiques obligatoires de gaz (cinq fois plus coûteux que les stocks de pétrole), suscite “une très grosse réticence” même si la Pologne est pour, notent plusieurs sources diplomatiques. Les stocks de gaz se sont pourtant avérés salvateurs durant la récente crise.

Les ministres vont avoir aussi à discuter d’une proposition controversée de la Commission pour dépenser 3,5 milliards d’euros, tirés du budget européen, en faveur d’une longue liste d’infrastructures énergétiques (dont Nabucco).

Cette enveloppe, qui s’inscrit dans le plan de relance économique européen, constitue la première déclinaison concrète de la solidarité énergétique souhaitée par l’Europe. Paradoxalement, les gouvernements traînent des pieds. La répartition de cette manne, en particulier, est vivement contestée.

La Commission a présenté mercredi soir une liste modifiée. La France et l’Italie ont été mieux servis, selon une source diplomatique, qui doute néanmoins que cette nouvelle mouture convaincra.

A son arrivée, le ministre allemand de l’Economie Karl-Theodor zu Guttenberg a souligné jeudi que cette liste ne devait pas constituer “un bric à brac de desiderata nationaux” mais avoir “une cohérence interne”. “Je ne la vois pas encore”, a-t-il ajouté.