Les pays latino-américains prennent des mesures pour se protéger de Stanford

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équipe de cricket anglaise, en octobre 2008 (Photo : Jewel Samad)

[19/02/2009 17:58:50] CARACAS (AFP) La fraude présumée du milliardaire américain Robert Allen Stanford a provoqué la nervosité des clients de filiales de sa banque dans plusieurs pays latino-américains, comme le Venezuela, le Pérou, Panama et la Colombie, poussant les autorités à intervenir.

A la suite de l’annonce de la justice américaine cette semaine du gel de ses actifs, soupçonnant le milliardaire d’avoir orchestré une fraude de 8 milliards de dollars centrée sur une filiale basée à Antigua, et d’une fraude annexe de 1,2 milliard de dollars, nombre de clients de la région, pris de panique, se sont empressés de retirer leur argent.

Le groupe Stanford Bank International (SIB), présent dans 140 pays, bénéficie d’une abondante clientèle en Amérique latine et dans les Caraïbes.

Au Venezuela Stanford Bank Venezuela S.A., Banco Comercial, les retraits d’argent “ont provoqué une situation extrêmement précaire pour cette banque, obligeant les autorités (…) à prendre la décision de la prise de contrôle, suivie de la vente immédiate de cette banque”, a expliqué jeudi à la presse le ministre des Finances, Ali Rodriguez.

“Plusieurs groupes ont déjà manifesté leur intérêt”, a-t-il ajouté.

Le ministre a tenu en outre à préciser que cette décision était totalement étrangère à la situation financière vénézuélienne, qu’il a qualifiée de “stable”.

“La tâche du gouvernement est d’éviter que la crise capitaliste n’affecte l’économie vénézuélienne”, a-t-il souligné.

Mercredi, le superintendant des banques du Venezuela, Edgar Hernandez, a recommandé aux citoyens vénézuéliens qui ont des devises déposées chez Stanford Bank de Antigua, de les rapatrier dans le pays. Selon la presse locale, entre 2,3 et 3 milliards de dollars appartenant à des Vénézuéliens seraient placés chez Stanford International Bank à Antigua.

La direction de Stanford Bank Venezuela S.A., Banco Comercial, cherchant à rassurer sa clientèle, a fait savoir que l’entité ne disposait pas d’investissements en actions à l’étranger et que ses activités dans ce pays sud-américain consistait essentiellement “à prêter aux clients vénézuéliens” en bolivars et avec “un porte-feuille d’actions d’entreprises vénézuéliennes”.

Au Pérou, jeudi, la Commission Nationale publique de supervision des entreprises et des valeurs (Conasev) a décidé pour sa part la suspension pour 30 jours des activités de Stanford Group Perú, qui opère en tant qu’intermédiaire à la Bourse de Lima.

Cette mesure “préventive”, a précisé la Conasev, “n’exempte pas Stanford de remplir ses engagements auprès de ses clients et les obligations assumées sur la marché des valeurs”.

A Quito, les activités de la maison de courtage Stanford Group Casa de Valores, détenue majoritairement par Robert Stanford ont également été suspendues mercredi pour une période 30 jours par les autorités financières.

En Colombie, une agence de courtage en Bourse et le bureau de représentation d’une banque, liées à Stanford ont suspendu leurs activités de leur propre chef. La Super intendance des banques à Bogota a annoncé avoir pris des mesures en vue de “protéger les clients et les investisseurs” et “préserver la confiance sur le marché des valeurs”.

La Super intendance des banques du Panama a elle ordonné “la prise de contrôle administratif et des opérations” de la filiale Stanford arguant que “les actions prises par les autorités régulatrices et judiciaires” des Etats-Unis “affectaient directement l’unique actionnaire de la banque au Panama, ainsi que les autres entreprises liées” à Robert Stanford.

Les fraudes présumées de Stanford sont les plus importantes révélées aux Etats-Unis depuis l’arrestation en décembre du financier new-yorkais Bernard Madoff, accusé d’avoir organisé une escroquerie pyramidale colossale évaluée à 50 milliards de dollars.