Deux ans après le lancement du 11ème Plan de développement
pour la période 2007-2011 et le démarrage de différents chantiers relatifs au
renforcement de l’attractivité du site Tunisie, nous avons approché Diederieck
Zambo,premier responsable de la Banque européenne d’investissement (BEI) en
Tunisie pour mieux cerner le degré d’engagement financier de cette prestigieuse
institution dans la mise en œuvre d’un programme de modernisation supposé
assurer à la communauté nationale l’employabilité requise, la mobilité souhaitée
et la résilience nécessaire pour faire face aux défis de la mondialisation et de
la concurrence. Diederieck Zambon, s’est aimablement prêté à nos interrogations
concernant l’implication de la FEMIP, émanation de la BEI au niveau du Bassin
méditerranéen, dans les différents projets visant la mise à niveau du tissu
industriel de la Tunisie, de ses ressources humaines et de ses infrastructures.
Entretien
Webmanagercenter
: On a souvent accusé la Banque européenne d’investissement d’avoir les yeux
plutôt rivés à l’Est du Vieux continent !?
Diederieck Zambon : Après l’éclatement du pacte de Varsovie et le
retour en masse des pays de l’Est dans le giron occidental et ses structures
libérales, nos partenaires au sud du Bassin méditerranéen se sont en effet
inquiétés de se voir marginalisés en raison du regain d’activités et
d’attention manifestées par nos services, à l’époque, vis-à-vis d’une région
naguère réfractaire aux valeurs du libre échange, de l’initiative privée,
donc totalement absente des préoccupations de toutes les institutions
monétaires relevant de l’Union européenne.
Cela dit, pour réaffirmer notre engagement en faveur des Etats bordant la
lisière sud du Vieux continent, et dissiper les inquiétudes des uns et des
autres, la Banque européenne d’investissement a mis sur place, depuis
octobre 2002, la FEMIP (Facilité euro-méditerranéenne d’investissement et de
partenariat), désormais bras financier de la BEI pour la Méditerranée,
chargée de créer, dans la région, un environnement propice à
l’investissement, de soutenir les infrastructures performantes, de prioriser
le secteur privé dans ses interventions et de promouvoir les synergies
susceptibles d’assurer un développement durable, diversifié et novateur.
Comment se positionne la FEMIP par rapport au site Tunisie ?
Nous avons toujours soutenu les entreprises tunisiennes à s’adapter à la
concurrence accrue dans le circuit international des échanges, à la suite de
la libéralisation graduelle de l’économie du pays et de la mise en place
progressive de la zone de libre-échange avec l’Union européenne. Durant
notre mandat de 2002 à 2007, la FEMIP a accordé des lignes de crédit avec
des bonifications d’intérêt d’un montant total de 200 millions d’euros à
cinq banques tunisiennes (Amen Bank, Arab Tunisian Bank, Banque de
l’habitat, Banque Internationale de Tunisie et Union bancaire pour le
commerce et l’industrie) qui ont répercuté nos conditions favorables à leurs
emprunteurs, généralement des PME regroupant des effectifs n’excédant pas
300 personnes, opérant essentiellement dans les secteurs de l’industrie et
du tourisme.
Lors de la récente visite de M. de Fontaine Vive, vice-président de la
BEI, chargé des activités méditerranéennes, il a été convenu avec M. Nouri
Jouini, ministre tunisien du Développement et de la Coopération
internationale, de concentrer les efforts de la FEMIP, durant le 11ème Plan
de développement, sur l’extension du réseau de transport d’électricité de la
STEG (un prêt de 60 millions d’euros a été accordé à cet effet), la mise à
niveau environnementale de l’industrie phosphorique, le renforcement des
infrastructures routières urbaines du pays et l’accompagnement ciblé des
associations de microfinance à l’instar d’Enda Inter arabe qui a déjà
bénéficié d’un prêt de 2 millions d’euros fin 2007.
Pouvez-vous nous spécifier vos investissements actuels en Tunisie ?
Nos investissements s’inscrivent à la fois dans le 11ème Plan de
développement économique et social de la Tunisie et dans le cadre de la
Politique européenne de voisinage, chargée de la promotion d’un climat
favorable aux flux des IDE dans les pays partenaires. Dans cette
orientation, la FEMIP, fidèle aux recommandations du Conseil de l’Europe, a
signé, en novembre 2008, un contrat de prêt de 110 millions d’euros avec M.
Mohamed Triki, Secrétaire d’Etat tunisien, chargé de la Coopération
internationale et de l’Investissement extérieur, pour améliorer les routes
aux abords des grandes villes de Grombalia, Kasserine, Gafsa, Nabeul et Le
Kef tout en supprimant les virages dangereux et les chaussées défoncées
situées sur les voiries structurantes des cinq projets, portant ainsi le
montant global des interventions de la BEI dans les infrastructures
routières urbaines du pays, depuis 1994, à 286 millions d’euros.
Pour l’avancement des travaux de construction de l’aéroport d’Enfidha,
notre Conseil d’administration a donné un accord de principe pour un
financement à hauteur de 150 millions d’euros tout en s’engageant dans la
modernisation du réseau du métro léger de Tunis II, projet phare du 11ème
Plan, l’assainissement du site de Taparura et la promotion des technopoles,
structures de références pour l’implantation des industries innovantes,
dynamiques, futuristes, porteuses d’avenir et d’employabilité.