[19/02/2009 19:20:09] DAUMERAY, Maine-et-Loire (AFP)
évrier 2009 à Daumeray (Photo : Eric Feferberg) |
Deux jours avant la grand messe annuelle du secteur à Paris, Nicolas Sarkozy s’est employé jeudi à rassurer le monde agricole en lui promettant une modernisation “offensive” pour anticiper la réforme de la politique agricole commune (PAC) prévue en 2013.
Dans le cadre champêtre d’une petite commune du Maine-et-Loire, le chef de l’Etat a annoncé le dépôt “avant la fin de l’année” d’un projet de loi de modernisation de l’agriculture et le déblocage de 300 millions d’euros en 2010 pour en financer les priorités.
“Je préfère que nous portions nous-mêmes les changements dans le cadre de la nouvelle politique agricole plutôt que nous attendions tranquillement que la catastrophe arrive en 2013”, a-t-il justifié.
Le projet de loi sera destiné à “consolider la compétitivité et à renforcer l’organisation économique” de l’agriculture française, a expliqué M. Sarkozy. En outre, il a indiqué que le gouvernement renoncerait “aux économies prévues dans le budget 2010 du ministère de l’Agriculture”.
Selon l’Elysée, la suspension de ce “gel” des crédits, prévu dans le cadre de la révision générale des politiques publiques (RGPP), devrait permettre de débloquer 300 millions d’euros.
Le ministre de l’Agriculture, Michel Barnier, a précisé par la suite que cette enveloppe serait reconduite en 2011 afin d’accompagner “le nouveau modèle agricole français”, baptisé “Objectif Terres: 2020”.
Cet “effort exceptionnel”, a expliqué le président, sera destiné à financer les “priorités” de la modernisation dans le cadre du réaménagement de la PAC adopté dans la douleur en novembre à Bruxelles par les 27 pays membres de l’Union européenne.
Ces “priorités” ne seront détaillées que lundi par M. Barnier. Mais Nicolas Sarkozy en a fixé jeudi les grands axes, du “soutien renforcé” à l’élevage à “une gestion renforcée des risques climatiques et sanitaires”, en passant par la “revalorisation” de l’indemnité versée pour l’agriculture de montagne.
évrier 2009 (Photo : Eric Feferberg) |
Même si elle n’est qu’un avant-goût du grand chambardement de la PAC de 2013, cette mini-réforme prévoit une réduction des subventions et ne laisse pas d’inquiéter les agriculteurs français, principaux bénéficiaires de la manne financière européenne, à hauteur de 10 mds.
Les exploitants redoutent ainsi que le gouvernement ne suive le tournant libéral imposé selon eux par Bruxelles et n’adopte, comme dans certains pays européens, le système des aides uniformes à l’hectare, quel que soit le type de culture pratiqué.
Michel Barnier l’a démenti et a promis de dévoiler lundi des mesures “équitables” et “raisonnables”. Avant d’inaugurer samedi le salon de l’agriculture Porte de Versailles, Nicolas Sarkozy a enfoncé le clou en multipliant jeudi les appels du pied au secteur.
Et le chef de l’Etat de rendre hommage aux agriculteurs “passionnés et travailleurs”, de promettre la “défense de l’agriculture de production”, de s’opposer à un accord à l’OMC “contraire aux intérêts de notre pays” et même de poser, sous les applaudissements, aux “distributeurs et aux industriels” du secteur la question du “partage de la valeur”.
La parole présidentielle a semble-t-il fait mouche auprès d’un public généralement considéré comme acquis à la droite. Le secrétaire général des Jeunes agriculteurs Jérôme Volle s’est réjoui de voir “conforter le rôle de l’agriculteur-producteur”. Le président de l’Association des chambres d’agriculture Luc Guyau s’est dit “rassuré” par son propos sur “la sécurité et l’équité”.