L’horizon se bouche encore un peu plus pour les industriels français

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à Montbelliard (Photo : Sebastien Bozon)

[20/02/2009 12:22:52] PARIS (AFP) Le moral des industriels français a de nouveau flanché en février pour tomber à son plus bas niveau historique, laissant présager une poursuite du recul de l’activité industrielle et un premier trimestre “des plus pénibles”, selon des économistes.

Leur moral a chuté de 5 points par rapport à janvier, tombant à -68 points, son point le plus bas depuis 1962, année à partir de laquelle l’indicateur peut être calculé, a indiqué vendredi l’Insee.

“C’est absolument colossal !”, s’est ému Alexander Law, analyste du cabinet Xerfi.

La stabilisation de l’indice le mois précédent aura donc fait long feu.

En février, les entrepreneurs de l’industrie manufacturière ont notamment estimé que “leur activité passée (s’était) encore nettement repliée”.

Les stocks sont toujours jugés très élevés. Les carnets de commandes, globaux comme étrangers, “se dégarnissent sensiblement et sont considérés comme particulièrement peu étoffés”, selon l’Insee.

Au vu de ces données, tous les économistes anticipent une nouvelle contraction de la production industrielle au premier trimestre, après une chute de 9,3% au quatrième trimestre 2008.

“A cela pas de mystère: la demande n’est toujours pas au rendez-vous”, explique Alexander Law.

“On continue à entendre les chefs d’entreprise dire que leurs carnets de commandes sont en baisse”, renchérit Karine Berger, économiste chez Euler-Hermès SFAC, qui s’inquiète surtout d’une baisse de la demande en provenance l’étranger.

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ût 2007 sur la chaîne de fabrication de la Laguna III, à l’usine Renault de Sandouville (Photo : Robert Francois)

“On peut s’attendre à un recul des exportations au premier trimestre d’une ampleur équivalente à celui du quatrième trimestre, qui était déjà exceptionnel”, estime-t-elle.

Les exportations avaient chuté de 3,7% au dernier trimestre 2008 et le déficit commercial français a atteint un nouveau record annuel, à près de 56 milliards d’euros.

Pour Karine Berger, la situation de l’industrie automobile est en particulier “dramatique”: “le secteur enregistre des baisses de commandes en France comme à l’étranger et les stocks restent très élevés alors même que les arrêts de production opérés en décembre et janvier avaient pour but de les écouler”. “Cela signifie que la demande de voitures se contracte plus vite que la production”, relève l’économiste.

Seule lueur d’espoir pour le secteur: “les perspectives personnelles de production pour les prochains mois sont toujours très dégradées, mais un peu moins que les mois précédents”, selon l’Insee, ce qui laisse augurer un mois de mars un peu moins mauvais.

Partout ailleurs, ces perspectives baissent à nouveau nettement, “signalant que le premier trimestre sera une fois encore des plus pénibles pour l?économie française”, selon Alexander Law. “Il faut dire que les chefs d?entreprise n?ont plus aucune visibilité”, ajoute l’économiste.

Preuve de cette détérioration, l’indice PMI de l’industrie manufacturière a fléchi en février à 35,4 points, contre 37,9 en janvier, selon une première estimation publiée vendredi par la société Markit. “La production manufacturière affiche un rythme de détérioration proche du plus haut niveau historique de décembre”, précise Markit.

Pour Cyril Blesson, économiste chez Seeds Finance, le rebond industriel, qui n’est pas attendre avant la fin 2009, “dépendra de la tenue de la demande” et de l?impact des plans de relance internationaux.

L’économie française a subi un violent coup d’arrêt au quatrième trimestre 2008 avec une baisse de 1,2% de son Produit intérieur brut (PIB), qui a conduit le gouvernement à annoncer une récession pour 2009.