Afif Ben Yedder a le vent en poupe, c’est le moins que l’on
puisse dire. Pour le président tunisien de IC Publications, un groupe de presse
basé à Londres, l’année 2008 a été l’un des meilleurs crus. De l’avis d’ABC, un
institut britannique indépendant dédié à la mesure de l’audience des médias
(l’équivalent anglais de l’OJD française), les titres les plus importants du
groupe, à savoir ‘‘New African’’, ‘‘The Middle East’’ et ‘‘African Business’’
ont su capter un lectorat important. Puisqu’ils atteignent désormais la
bagatelle de 800.000 lecteurs chaque mois. Et les ventes se portent bien.
Puisque pas moins de 100.000 exemplaires de chaque numéro des trois titres
phares trouvent chaque mois acquéreur dans les kiosques d’Afrique, d’Europe,
jusqu’au Moyen-Orient. De quoi remettre en cause les vieilles positions des
barons de la presse imprimée, aux tirages pas toujours contrôlés… Mieux : avec
ses nouveaux titres, anglophones, comme ‘‘African Banker’’, et ‘‘New African
Woman’’ ou francophones, comme ‘‘New African’’ et ‘‘African Business’’, IC
Publications peut se targuer, aujourd’hui, d’atteindre 1.500.000 lecteurs à
travers le monde. ABC atteste que «les ventes au numéro des trois magazines
anglais du groupe se sont accrues de 19% entre 2007 et 2008. Ces hausses ont été
de 23,4% pour ‘‘African Business’’, 18,2% pour ‘‘New African’’ et 16,5% pour
‘‘The Middle East’’».
New African, publié en anglais depuis une quarantaine d’années, était déjà le
magazine panafricain le plus vendu en Afrique anglophone (un leadership certifié
par ABC). Et voici que la revue s’attaque au marché francophone. Une gageure
dans un secteur considéré comme particulièrement «difficile» dans nos régions.
Un challenge tant les positions de quelques journaux ont paru, jusque-là,
inexpugnables. Le tout, dans un contexte de crise économique internationale,
théoriquement peu propice à une telle croissance. Qui a dit que la presse
imprimée n’avait plus d’avenir ? Assurément pas Afif Ben Yedder qui a su tracer
sa voie en 51 ans d’activités dans un domaine «sensible», celui de l’édition, et
faire entendre un nouveau son de cloche. Loin des clichés et du misérabilisme
qu’adoptent trop systématiquement les journaux occidentaux pour dépeindre les
réalités de notre continent.
Dans la plus grande discrétion, le patron de ‘‘New African’’ a su mettre en
valeur le savoir-faire de certaines de nos meilleures plumes tunisiennes.
A ceux qui veulent absolument connaître les dessous d’une telle réussite, Ben
Yedder a avoué, lors d’une interview accordée à notre confrère Afrik.com : «Nous
sommes indépendants et nous sommes des professionnels de la presse et de
l’édition. Nous n’avons pas d’autres intérêts politiques ou commerciaux. Nous
vivons uniquement de notre métier et nous n’avons pas d’autres ressources
financières. Ce qui nous oblige à être prudents et à faire toujours très
attention. Nous avons une excellente équipe, très expérimentée qui connaît
parfaitement l’Afrique. C’est la clé du succès».