Les Européens tentent de faire bloc avant le G20 de Londres

[22/02/2009 12:29:05] BERLIN (AFP)

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ère allemande Angela Merkel, le 18 février 2009 à Berlin (Photo : Axel Schmidt)

Les Européens vont tenter dimanche d’affirmer leur unité sur la refonte de la finance mondiale avant le sommet du G20 en avril à Londres, sur fonds de récession propice aux replis protectionnistes et de tourmente financière en Europe de l’Est.

La chancelière Angela Merkel a invité à Berlin ses homologues et les grands argentiers européens du G20 (France, Grande-Bretagne, Italie). L’Espagne et les Pays-Bas ont aussi été conviés.

Ce sommet, qui se veut informel, permettra “de prendre des décisions sur des mesures envisagées” pour réformer la finance internationale, a précisé samedi la chancelière conservatrice, “afin d’arriver unis et pleins d’ambitions à Londres” où le président américain Barack Obama fera ses premiers pas sur la scène internationale.

La dégradation vertigineuse des banques en Europe de l’Est, et les menaces qu’elle fait peser sur le secteur financier de l’ouest, sera aussi au menu des discussions, selon une source gouvernementale allemande.

La République tchèque, qui préside l’Union européenne, la Commission européenne, la Banque centrale européenne et l’eurogroupe qui rassemble les ministres des Finances des 16 Pays membres de la zone euro, seront aussi représentés.

A la mi-novembre à Washington, les 20 premières puissances économiques mondiales (G7, Russie, 12 pays émergents dont la Chine, le Brésil ou l’Arabie saoudite) s’étaient mis d’accord sur un catalogue de 47 points, visant globalement à instaurer plus de transparence et de régulation.

A charge pour le sommet de Londres le 2 avril de passer au concret. A Berlin, les Européens veulent adopter de “vraies réponses” en matière de régulation des marchés financiers, a fait valoir le président français Nicolas Sarkozy, ajoutant que la France s’opposerait à un “compromis au rabais”.

L’Europe a grand besoin de resserrer les rangs. Les aides à l’industrie automobile lancées par Paris, Madrid et Rome ont fait grincer des dents à Berlin et Bruxelles.

Le plan de relance géant de 787 milliards de dollars mis en oeuvre par Barack Obama a aussi alimenté les craintes des Européens sur une résurgence du protectionnisme.

Côté réforme de l’architecture financière, les parties ne sont pas complètement au diapason. Si la plupart, Paris et Berlin en tête, veulent des avancées sur la régulation des fonds d’investissement spéculatifs (hedge funds), Londres paraît réservé.

Les vues sont proches en revanche sur la lutte contre les paradis fiscaux et le secret bancaire. Le contrôle des agences de notation est aussi au menu des travaux. Et le renforcement du rôle du Fonds monétaire international (FMI), notamment dans la prévention des crises, fait l’objet d’un large consensus.

Le Premier ministre britannique Gordon Brown a appelé les banques à plus de responsabilité. Elles “doivent agir en fonction des intérêts à long terme des actionnaires et en cela au bénéfice de l’économie toute entière, et non pas dans l’intérêt à court terme des banquiers”, a-t-il souligné dans une tribune diffusée dimanche par The Observer on Sunday.

Depuis le sommet de Washington, l’économie européenne s’est rapidement dégradée et la récession risque de mettre à mal l’agenda du G20.

“Le sens des priorités a changé”, a récemment regretté la ministre française de l’Economie Christine Lagarde, craignant que la réglementation financière passe au second plan, et qu’au bout du compte, le G20 échoue à remplir sa mission prioritaire, à savoir trouver des remèdes durables à la crise.