Salon de l’agriculture : le secteur a un besoin pressant de jeunesse

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évrier 2009 à Paris (Photo : Patrick Kovarik)

[22/02/2009 14:20:45] PARIS (AFP) Alors que les chiffres du chômage en France explosent, l’agriculture aujourd’hui manque de bras: le secteur ne séduit pas les nouvelles générations en raison d’une image dépréciée mais aussi de conditions de travail difficiles.

“Nous les agriculteurs, nous avons trop longtemps dévalorisé notre métier”, regrette Michel Marquet, arboriculteur aujourd’hui à la retraite mais qui s’investit toujours dans le monde agricole.

Il est secrétaire général de l’Anefa, l’Association nationale emploi formation en agriculture, un organisme paritaire patrons et salariés agricoles, qui se démène sur le terrain pour susciter les vocations.

Il y a du pain sur la planche, tant ce secteur pâti d’une image “passéiste”: “Il n’y a pas si longtemps, on menaçait encore le +bon à rien+ de la famille +de faire agriculteur+”, regrette M. Marquet qui, citant son propre exemple, dit n’avoir jamais poussé ses enfants à reprendre le flambeau.

Or, aujourd’hui l’agriculture a bien changé, avec toute une palette de nouveaux métiers et une demande croissante de compétences.

Mais le message a du mal à passer. Selon le baromètre de l’Agriculture BVA, réalisé en février 2009, pour le groupe France Agricole, plus de 2 Français sur 3 déclarent n’avoir jamais envisagé travailler dans le secteur agricole. Ils sont aussi 78% à affirmer mal connaître les formations qui mènent aux métiers de l’agriculture.

“Il faut supprimer l’image du commis de ferme avec la brouette et la fourche”, renchérit Eric Swartvagher, président de l’Anefa et représentant des salariés agricoles. “Quand vous avez une machine de 250.000 euros, il faut savoir la faire fonctionner”, ajoute-t-il.

“Il y a du boulot, c’est passionnant, on peut faire carrière et atteindre au bout de 4 ou 5 ans entre 130 et 140% du smic”, assure encore M. Swartvagher. Celui-ci raconte son parcours: non issu du monde agricole, il a découvert sa vocation à six ans et a commencé comme vacher.

Exemple d’une filière particulièrement touchée par le déficit de candidats, celle de porcher. Un chef d’équipe porcher qui dirige un élevage de 300 à 400 truies touche un salaire de 2.500 euros brut mensuel plus une prime d’intéressement dont le montant est “secret”.

Comme dans d’autres métiers, ces spécialistes n’hésitent pas à changer d’exploitations pour faire évoluer leur carrière.

Philippe Pelvet, directeur de l’Association pour l’emploi des cadres ingénieurs et techniciens de l’agriculture et de l’Agroalimentaire (Apecita), confirme la difficulté de trouver des candidats porchers, mais aussi vachers.

Les jeunes ne sont pas attirés par ce type d’activités difficiles avec les horaires de traite le matin et le soir: “ce n’est pas tellement dans l’air du temps d’avoir des horaires décalés”.

Selon lui, les jeunes rechignent à diriger une équipe. Aujourd’hui, les jeunes “veulent faire des études dans la recherche” et travailler dans l’environnement, des métiers pas toujours en “adéquation” avec le marché du travail, explique-t-il.

Un autre secteur est aussi touché par le manque de candidats: 5.000 postes sont à pourvoir urgemment dans le machinisme agricole (maintenance, commercialisation) ou l’agroéquipement, dans le jargon professionnel.

Le secteur, selon Joël Carmona, président de l’Association professionnelle de développement de l?enseignement du machinisme agricole et des agroéquipements (Aprodema), fait face à un “papy boom” avec de nombreux départs à la retraite. Les jeunes ne connaissent pas ce métier et ne “viennent pas nous rejoindre”, regrette-t-il. Pour la première fois, l’association a pris un stand au salon.