à Paris (Photo : Gerard Julien) |
[23/02/2009 06:08:01] PARIS (AFP) La Caisse d’Epargne et Banque Populaire vont annoncer “cette semaine” leur union et donner naissance à la deuxième banque française, un mariage dont la conclusion a été hâtée par le gouvernement, soucieux de mettre un terme à des négociations tendues entre les deux banques.
“Le processus de fusion progresse”, a déclaré le président de la République, Nicolas Sarkozy dimanche à Berlin lors de la conférence de presse suivant un sommet des Etats européens membres du G20. “La décision, ce sera pour cette semaine” a-t-il ajouté. La date de jeudi était avancée par plusieurs sources proches du dossier.
Selon plusieurs médias, c’est un proche de Nicolas Sarkozy, François Pérol, secrétaire adjoint de l’Élysée et ancien de Rothschild et Compagnie, qui prendra la direction de la nouvelle entité. Si l’Elysée n’a pas encore confirmé cette nomination, elle est déjà dénoncée par le PS et le MoDem.
Pour Benoît Hamon (PS), “le choix du numéro deux de l’Elysée, c’est-à-dire un ami personnel de Nicolas Sarkozy, à la tête du deuxième groupe bancaire (…) participe d’une stratégie d’influence du président de la République dans les milieux économiques”.
Mettant en avant à la fois la “déontologie” et le “code pénal”, François Bayrou a jugé cette nomination purement et simplement “illégale”.
Le projet de rapprochement remonte à 2006, date de la création par les deux groupes de leur filiale commune Natixis. Il a été réactivé cet automne après l’aggravation de la crise financière et l’annonce de la reprise du belgo-néerlandais Fortis par BNP Paribas, opération aujourd’hui en péril.
Depuis, la tempête financière a rattrapé les deux groupes mutualistes, qui s’apprêtent à publier jeudi des pertes historiques en 2008, selon la presse, en partie plombés par Natixis, qui pourrait perdre plus de 2,5 milliards d’euros.
Entamées en octobre, les négociations ont été retardées par les départs du patron emblématique de la Caisse d’Epargne, Charles Milhaud et de son successeur désigné, Nicolas Mérindol.
Les deux hommes ont été poussés à la démission après l’annonce, mi-octobre, d’une perte de 751 millions d’euros attribuée aux opérations hasardeuses d’un trader de la banque.
à Paris de distributeurs de billets de la Banque Populaire. (Photo : Bertrand Guay) |
Un coup sévère, qui a compliqué encore davantage les pourparlers entre deux banques contraintes à un mariage de raison. En quatre mois, les dirigeants ne sont d’ailleurs parvenus à s’entendre ni sur le périmètre du nouvel ensemble ni sur sa gouvernance, avant que l’Etat ne tape du poing sur la table.
En jeu, le contrôle d’un mastodonte du secteur, fort de près de 100.000 salariés, 8.000 agences et 35 millions de clients.
Début février, le chef de file de Banque Populaire, Philippe Dupont, parlait encore de “redéfinir précisément” le projet, “compte tenu des incertitudes et des risques liés au contexte inédit”.
Mi-février, la ministre de l’Economie Christine Lagarde leur a finalement demandé publiquement d'”accélérer la manoeuvre”, alors que les deux parties avaient initialement prévus de n’annoncer les détails de la fusion qu’au printemps.
Une demande appuyée notamment sur l’aide apportée aux deux groupes dans le cadre du plan de soutien aux banques, sous la forme d’un prêt de deux milliards d’euros.
Le dossier a pris un tour d’autant plus politique que l’Etat envisage de s’inviter au capital du nouvel ensemble. Des informations de presse, que l’AFP n’a pas pu se faire confirmer, font état d’une prise de participation de l’Etat de 15 à 20% dans la nouvelle banque, devenant ainsi un actionnaire significatif de l’entité fusionnée.