[23/02/2009 18:27:01] PARIS (AFP)
Montage photo des logos de la Caisse d’Epargne et de la Banque populaire (Photo : Stephane de Saktuin) |
La fusion entre Caisse d’Epargne et Banque Populaire, dont le détail doit être dévoilé jeudi, pose encore de nombreuses questions sur les synergies attendues, le rôle exact de l’Etat français, l’avenir des filiales et l’impact sur l’emploi.
Selon plusieurs sources proches du dossier, les discussions se poursuivaient encore lundi sur la plupart des principaux sujets liés au rapprochement qui doit donner naissance à la deuxième banque française.
Si l’annonce devait bien intervenir jeudi, sa forme était encore incertaine, les deux banques publiant leurs résultats annuels le même jour, lesquels devraient se traduire par des pertes.
François Pérol, secrétaire général adjoint de l’Elysée, semblait néanmoins se dégager comme le candidat le plus sérieux à la prise en main de la nouvelle entité, dont la structure de gouvernance fait encore débat.
Un nom qui a suscité la polémique au sein de la classe politique, y compris dans les rangs de l’UMP.
Le président du MoDem François Bayrou a ainsi jugé que cette désignation, si elle était confirmée, serait “illégale”, dans la mesure où M. Pérol a participé aux négociations sur la fusion en qualité de membre de l’exécutif.
La nomination d’un haut-fonctionnaire constituerait une sanction pour les dirigeants des deux établissements, Bernard Comolet (Caisse d’Epargne) et Philippe Dupont (Banque Populaire), incapables de procéder seuls aux arbitrages nécessaires à cette union.
Elle entérinerait également l’intervention de l’Etat, qui après avoir déjà injecté 2 milliards d’euros dans les deux groupes, devrait remettre au pot à hauteur de 2,5 à 6 milliards, selon une source proche du dossier.
Un apport qui permettrait d’assurer l’avenir de la banque d’investissement et de financement Natixis, filiale commune, et d’afficher un niveau de fonds propres très supérieur aux exigences réglementaires.
Cet apport se faisant en titres convertibles en actions, l’Etat pourrait alors laisser planer la menace d’une entrée au capital en tant qu’actionnaire de plein droit, contrôlant entre 11% et 23% du nouvel ensemble, selon plusieurs sources.
Une telle option trancherait avec la philosophie initiale du plan de soutien aux banques, qui prévoyait que l’Etat apporte son aide financière de manière transitoire et n’influe pas dans les décisions stratégiques des établissements aidés.
De sources concordantes, l’Etat prévoit de s’octroyer d’entrée 4 des 18 sièges d’administrateurs du nouveau conseil de la deuxième banque française.
En matière stratégique, justement, les orientations de ce géant aux 35 millions de clients restent floues, d’autant qu’un nombre important d’actifs va être laissé en dehors du périmètre fusionné, essentiellement parce que les deux groupes n’ont pu s’entendre sur leur valorisation.
Sans la filiale de crédit immobilier Crédit Foncier (Caisse d’Epargne), l’administrateur de biens Foncia (Banque Populaire) et le promoteur Nexity (contrôlé par l’Ecureuil), les synergies en matière immobilière pourraient notamment être limitées.
Se pose également la question de l’emploi au sein d’un groupe de près de 100.000 salariés, même si les deux réseaux devraient continuer à coexister.
“Dans la situation actuelle, la pyramide des âges permet d’éviter de supprimer des emplois”, estime Pierre Ribuot délégué syndical SNB/CGC-CFE au sein du groupe Banque Populaire.
“Cependant, si la situation financière ne s’améliore pas, on peut se poser la question de savoir ce qui se passera”, ajoute-t-il.