Mauvaise nouvelle pour les pays fournisseurs : une baisse de
la consommation vestimentaire de 4% ainsi que des importations d’environ 8% en
Europe seront vraisemblablement enregistrées en 2009, selon les dernières
estimations du Cercle euro-méditerranéen des dirigeants du textile, de
l’habillement et de l’industrie de la Mode (CEDITH). Les pays méditerranéens ont
vu leurs recettes d’exportations ainsi que leurs commandes, baisser
progressivement depuis le déclenchement de la crise économique actuelle.
Durant les 11 premiers mois 2008, la Tunisie, 5ème fournisseur d’Europe en
matière de textile/habillement, a enregistré une régression de ses exportations
de 6,4% en valeur et de 7,4% en quantité. A la même période, les importations
européennes de la Tunisie ont également accusé une baisse dans les principaux
produits importés : 7,3% pour les T-shirts, 14,5% pour les soutiens-gorge, 4,8%
pour les chemises et 1,6% pour les chemisiers. Pour les marchés traditionnels de
la Tunisie à l’export, on a constaté un recul de 3% pour la France et l’Espagne,
de 0,1% pour l’Allemagne et de 17,3% pour le Royaume-Uni. A l’opposé, les
marchés italien et belge ont progressé respectivement de 2,2%, 6,4%.
Même tendance pour le Maroc, concurrent direct de la Tunisie. Les
exportations dans le secteur y ont reculé de 8,4% pour les vêtements
confectionnés, soit un manque à gagner de 1,772 milliard de dirhams en 2008. Les
articles de bonneterie ont également baissé de 16,1%, soit 1,272 milliard de
dirhams. Du côté des importations, celles de tissus en coton ont reculé de 16,4%
en 2008, soit une baisse de 731 millions de dirhams. Le risque sur l’emploi a
atteint des proportions alarmantes avec près de 50 mille postes perdus en 2008
et une menace qui pèse sur 70 mille autres.
Jouer la carte de la proximité
Dans les pays du sud de la Méditerranée, le moment est opportun pour jouer la
carte de la proximité, face à une concurrence chinoise des plus ardues. Une
opportunité pour les fournisseurs méditerranéens qui devront profiter de la
conjoncture, «du moins ceux capables de faire preuve de réactivité, de
ponctualité et de flexibilité pour la production en petites séries d’articles de
qualité», recommande le CEDITH. Présenter des produits de qualité serait
également l’un des atouts pour attirer les donneurs d’ordre européens. Durant
les 11 premiers mois de l’année 2008, les ventes chinoises sur le marché
européen, ont augmenté de 10,8%. On estime leur part dans les importations
européennes à 38,8%. Un travail colossal attend, donc les industriels du Sud
pour faire face au flux des marchandises chinoises.
A cause de la crise, la Chine devrait voir ses commandes fractionnées par les
donneurs d’ordre européens au risque de voir leurs stocks s’élever face à une
baisse de consommation assez importante…
Reste que le monde industriel vit encore une grande incertitude. De sombres
perspectives et un manque de visibilité de l’avenir même proche font que les
investissements dans le secteur –ainsi que dans tous autres secteurs restent
illusoires- aujourd’hui.
Spéculations sur la déflation…
Selon l’Institut national des statistiques et des études économiques (INSEE,
France), la France – premier client de la Tunisie -a vu ses dépenses de
consommation en textile et cuir diminuer de 1,6%, passant de 49,9 milliards
d’euros en 2007 à 49,1 milliards d’euros en 2008. Ce qui amènerait
vraisemblablement à une baisse des prix de 1,5% «qui va se traduire par une
pression supplémentaire sur les marges des distributeurs et des producteurs, y
compris les fournisseurs étrangers», note le CEDITH, surtout que les prix de
vêtements n’ont augmenté que de 0,4% en 2008. Les importations devraient reculer
encore de 6% en 2009, à cause de la baisse de la consommation.
Devrons-nous, donc, craindre la déflation après le monstre de l’inflation ?
Le Fonds monétaire international (FMI) se montre optimiste en avançant que le
risque de déflation reste encore mince. Pour l’année en cours, il prévoit, à
l’échelle mondiale, un taux de croissance qui ne dépassera pas les 0,5% et un
taux d’inflation qui se limitera à 0,3%, dans les pays développés. La zone euro
sera plus grièvement touchée avec une contraction de 2% du PIB. Selon la
Commission européenne, la France devrait voir son taux d’inflation s’établir à
0,8% et son PIB se contracter de 1,8% alors qu’ils seront respectivement de 1,2%
et de -2% pour l’Italie. L’Allemagne enregistrera un taux d’inflation de 0,8% et
une contraction du PIB de 2,3%.
Un climat d’incertitude règne, donc, sur tous les pays. Espérons que cette
incertitude se dissipera sur le court terme et que le monstre de l’inflation ne
laissera pas place à un autre non moins dangereux, à savoir la déflation bien
que le FMI se montre optimiste pour 2009 en prévoyant une croissance de 3%, dont
1,1% pour les pays développés.