Fusion bancaire : Sarkozy défend Pérol, les Ecureuils se rebiffent

[24/02/2009 19:43:28] PARIS (AFP)

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Logos des Caisses d’Epargne et des Banques Populaires (Photo : Stephane de Saktuin)

Nicolas Sarkozy a défendu mardi la nomination d’un de ses proches, François Pérol, à la tête du futur groupe Caisse d’Epargne/Banque Populaire, le rôle joué par l’Elysée dans ce mariage suscitant le mécontentement de dirigeants de l’Ecureuil et des critiques de politiques.

Voulant couper court à la polémique, le président, en déplacement à Rome, a assuré que la nomination du secrétaire général adjoint de l’Elysée ne posait pas de “problème” aux yeux de la commission de déontologie.

Cette instance, chargée de vérifier si un haut fonctionnaire peut partir dans le privé, dispose normalement d’un mois pour rendre sa décision, mais il y a urgence: le mariage, annoncé début octobre, doit être prononcé jeudi.

Le nom de M. Pérol devait d’ailleurs être soumis dès ce mardi au conseil d’administration de Banque Populaire, première étape avant sa nomination à la tête de l’ensemble fusionné, d’après une source proche du dossier.

Précipitée par la crise financière, qui a décidé les deux banques mutualistes à unir plus étroitement leurs forces, cette fusion était en germe depuis la création de Natixis, leur filiale commune, fin 2006.

Comme les négociations traînaient en longueur, l’Elysée a pris le dossier en main en janvier, se servant du plan d’aide aux banques comme d’un moyen de pression sur eux. Il a ainsi posé comme condition à son versement que la fusion soit effective dès ce jeudi et s’est dit prêt à souscrire jusqu’à 5 milliards au total d’obligations convertibles en actions, ouvrant de fait la voie à son entrée au capital.

Mais derrière cette “précipitation”, la première secrétaire du PS, Martine Aubry a l’impression que le gouvernement veut cacher “d’immenses difficultés financières”, qu’il était censé avoir réglées.

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çois Pérol (d), Nicolas Sarkozy (g), alors ministre de l’Economie, et Claude Guéant (c) le 7 octobre 2004 à Paris (Photo : Pascal Pavani)

Répondant implicitement à cette critique, M. Sarkozy a assuré que le projet n’avait pas été “décidé par le gouvernement (…) mais par les deux banques à la suite des problèmes qu’elles connaissent”.

Pour le député PS Didier Migaud, “la nomination par l’Etat de M. Pérol à la tête d’un groupe dont l’Etat serait l’actionnaire principal pour y mener une politique conforme à l’intérêt général (…) pourrait apparaître légitime”.

Mais ce dernier ne sera pas nommé “en tant que représentant de l’Etat” par le conseil et rien ne le distinguera “alors d’autres dirigeants de banques (…) qui n’ont de comptes à rendre qu’à leurs actionnaires”, souligne-t-il.

S’ils ne sont pas opposés à la venue de M. Pérol, plusieurs dirigeants des Caisses d’Epargne contactés par l’AFP se sont dits rebutés par les méthodes de l’Elysée au point de menacer de voter contre la fusion jeudi.

Serge Huber, qui représente les salariés au conseil de surveillance, juge ainsi “scandaleux” que l’Etat décide à la place des Caisses d’Epargne, qui ont payé 7 milliards d’euros pour recouvrer leur indépendance. L’Ecureuil s’était affranchi en 2006 de la tutelle historique de la Caisse des dépôts.

D’autres ne digèrent pas la “différence de traitement” entre le groupe mutualiste et BNP Paribas, à qui l’Etat aura prêté en tout 5,1 milliards d’ici l’été sans contrepartie similaire. “C’est injuste et humiliant”, estime un dirigeant.

“Il y a une vraie révolte au sein du groupe contre les méthodes de l’Etat, qui sont des méthodes de voyou”, renchérit une autre source.