és de Royal Mail protestent devant le Parlement à Londres le 24 février 2009 (Photo : Ben Stansall) |
[24/02/2009 18:21:25] LONDRES (AFP) Au Royaume-Uni, le débat fait rage sur l’avenir de la poste : le projet du gouvernement de privatiser partiellement Royal Mail menace de provoquer une fronde d’ampleur sans précédent au sein du parti travailliste et attise la colère des organisations syndicales.
Mi-décembre, le ministre du Commerce Peter Mandelson avait repris à son compte les conclusions du rapport Hooper.
Ce rapport, intitulé “la modernisation ou le déclin”, préconise d'”ouvrir le capital” de la vénérable poste britannique à hauteur de 30% à un opérateur privé, qui aiderait en échange à l’armer face à la montée de la concurrence et à l’adapter aux évolutions technologiques.
Royal Mail est en effet confrontée, comme les autres ex-monopoles postaux d’Europe, à la libéralisation de ses principaux marchés, qui mine ses recettes.
Le groupe néerlandais TNT s’est déjà mis sur les rangs, et le projet de loi autorisant la privatisation partielle du groupe public sera présenté jeudi à la Chambre des Lords.
Mais avant même l’ouverture des débats, la fièvre monte à l’intérieur du Palais de Westminster, qui abrite les deux chambres du parlement britannique, comme à l’extérieur, où le principal syndicat des postiers, le Communication Workers Union, a rassemblé mardi après-midi des centaines de manifestants.
Alors que le gouvernement nationalise les banques à coup de dizaines de milliards de livres, la logique même de ce projet est vivement contestée dans les rangs du Labour comme des syndicats.
“Le gouvernement dit qu’il veut qu’une entreprise étrangère dirige la poste, ce qui est ridicule. On se retrouverait dans une situation où la Royal Bank of Scotland est nationalisée et Royal Mail privatisée”, a dénoncé un dirigeant du CWU, Billy Hayes.
Et Dave Ward, un autre responsable de la centrale, a accusé le gouvernement de “trahir” son propre parti et ses électeurs.
Pour faire pression, le CWU menace de couper ses liens avec le parti travailliste, qu’il finance à hauteur d’un million de livres par an.
Et une pétition parlementaire s’opposant à l’ouverture du capital de la poste, “qui risque de briser un des meilleurs services publics britanniques”, a déjà reçu le soutien de 125 députés travaillistes, soit plus d’un sur trois, dont celui de poids lourds comme Peter Hain.
Non sans ironie, le parti conservateur (opposition) a indiqué qu’il était disposé à voter la réforme de M. Mandelson, et à lui fournir ainsi la majorité qu’il semble incapable de réunir au sein de son propre camp.
S’il veut éviter une telle humiliation, le gouvernement devra donc faire des concessions, pour tenter d’étouffer la menace de fronde au sein de ses troupes, la pire que le Premier ministre Gordon Brown ait eu à affronter depuis son arrivée à la tête du gouvernement mi-2007.
La révélation lundi soir par la BBC de l’existence d’une lettre inquiétante de la présidente du fonds de retraite de Royal Mail, Jane Newell, au ministre du Commerce, n’a fait que jeter de l’huile sur le feu.
Dans ce courrier, elle prévient Peter Mandelson que l’abandon de l’ouverture du capital aurait des “conséquences dévastatrices” pour l’avenir du régime de retraite postal, dont le déficit serait bien plus élevé que les 5,9 milliards de livres (6,7 milliards d’euros) évoqués dans le rapport Hooper.
Ce qui a poussé le CWU à accuser le gouvernement d’avoir monté ce “coup bas” dans le but “d’effrayer” les députés frondeurs.