[25/02/2009 06:47:15] PARIS (AFP)
Logos des Caisses d’Epargne et des Banques Populaires (Photo : Stephane de Saktuin) |
Nicolas Sarkozy a défendu mardi la nomination d’un de ses proches, François Pérol, à la tête du groupe fusionné Caisse d’Epargne/Banque Populaire, tandis que ses services révélaient que l’Etat pourrait à terme prendre 20% de la future deuxième banque française.
Voulant couper court à la polémique, le président, en déplacement à Rome, a assuré que la nomination prévue du secrétaire général adjoint de l’Elysée ne posait pas de “problème” aux yeux de la commission de déontologie.
“La commission de déontologie a donné son point de vue, et son point de vue a été communiqué aux deux banques. Il sera rendu public”, a déclaré M. Sarkozy devant la presse à l’issue du sommet franco-italien.
Cette instance est chargée de vérifier si un haut fonctionnaire peut partir dans le privé. Les conditions dans lesquelles elle a donné son avis ont été contestées par un de ses membres, cité anonymement par le site internet de Libération, qui affirme que l’instance ne s’est pas encore réunie sur ce sujet.
L’Elysée a précisé dans la soirée avoir reçu une lettre du président de la commission, Olivier Fouquet, assurant que la nomination de M. Pérol n’avait “pas d’inconvénient pénal”.
La commission dispose normalement d’un mois pour rendre sa décision, mais il y a urgence: le mariage, annoncé début octobre, doit être prononcé jeudi.
L’Elysée a par ailleurs fait savoir que l’Etat aurait à terme “vraisemblablement” 20% du capital de groupe.
“Quand on prend 20% du capital, c’est normal qu’on regarde le management”, a commenté la même source qui a toutefois précisé que l’Etat ne détiendrait pas tout de suite de “véritables actions” mais des “actions de préférence” qui seront ensuite transformées en actions “le moment venu”.
çois Pérol (d), Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Economie, et Claude Guéant (c) le 7 octobre 2004 à Paris (Photo : Pascal Pavani) |
Les conseils d’administration des deux banques devraient désigner mercredi M. Pérol directeur général délégué de chacun de leur établissement, a-t-on appris de sources proches du dossier, une étape préablable à son éventuelle désignation comme président de l’ensemble.
Les deux conseils, réunis séparément mardi soir, ne se sont pas prononcés sur ce point.
Précipitée par la crise financière, qui a décidé les deux banques mutualistes à unir plus étroitement leurs forces, cette fusion était en germe depuis la création de Natixis, leur filiale commune, fin 2006.
L’Elysée a pris le dossier en main en janvier, profitant du plan d’aide aux banques. Le pouvoir a exigé que la fusion soit effective dès ce jeudi et s’est dit prêt à souscrire jusqu’à 5 milliards au total d’obligations convertibles en actions.
Pour la première secrétaire du PS, Martine Aubry, le gouvernement donne l’impression de vouloir cacher “d’immenses difficultés financières”. Mais M. Sarkozy a assuré que le projet n’avait pas été “décidé par le gouvernement (…) mais par les deux banques”.
Plusieurs dirigeants des Caisses d’Epargne contactés par l’AFP se sont dits rebutés par les méthodes de l’Elysée au point de menacer de voter contre la fusion jeudi.
Serge Huber, représentant des salariés au conseil de surveillance, juge “scandaleux” que l’Etat décide à la place des Caisses d’Epargne.
D’autres condamnent la “différence de traitement” avec BNP Paribas, à qui l’Etat prête 5 milliards sans contrepartie similaire. “C’est injuste et humiliant”, estime un dirigeant.
“Il y a une vraie révolte au sein du groupe contre les méthodes de l’Etat, qui sont des méthodes de voyou”, renchérit une autre source.
A l’Elysée, on défend le choix de M. Pérol en soulignant qu’il est à la fois issu du milieu bancaire et “politique”, jeune et expérimenté, honnête et “sans aucune casserole”.