[25/02/2009 12:40:36] TOKYO (AFP)
évrier 2009 à Tokyo (Photo : Yoshikazu Tsuno) |
Le Japon s’est enfoncé davantage dans la récession en janvier, enregistrant un déficit commercial record causé par un plongeon sans précédent des exportations sur fond de crise économique mondiale.
L’archipel a subi en janvier un déficit commercial de 952,58 milliards de yens (7,9 milliards d’euros), a annoncé mercredi le ministère des Finances.
Il s’agit du plus important déficit commercial jamais enregistré au Japon, dépassant le précédent record de 824,8 milliards inscrit en janvier 1980.
Les économistes s’attendaient toutefois à un déficit encore plus élevé, de l’ordre de de 1.150,2 milliards de yens, selon un sondage réalisé par le quotidien Nikkei auprès de 24 d’entre eux.
La balance commerciale nippone tombe ainsi dans le rouge pour le quatrième mois d’affilée, confirmant la gravité de la récession qui frappe la deuxième économie mondiale, lourdement dépendante de ses exportations.
“Le Japon est particulièrement vulnérable à la crise (économique mondiale) car le commerce est au centre de son économie”, a souligné Pascal Lamy, le directeur général de l’Organisation mondiale du Commerce (OMC), en visite à Tokyo.
En janvier, les exportations ont chuté de 45,7% sur un an à 3.482,58 milliards de yens, la plus forte dégringolade jamais enregistrée, tandis que les importations ont dévissé de 31,7% à 4.435,16 milliards, a précisé le ministère.
Les exportations japonaises ont notamment baissé de 46,7% vers la Chine, de 52,9% vers les Etats-Unis, de 47,4% vers l’Union européenne et de 65,5% vers la Russie, fortement plombées par l’automobile et l’électronique.
Les exportations totales de véhicules ont ainsi subi une chute de 66,1% (dont -80,7% vers les Etats-Unis, -69,7% vers l’UE et -69,4% vers la Chine).
Les exportations de machinerie électrique ont quant à elles reculé de 47,2%.
Quant à la chute des importations, elle s’explique essentiellement par le recul des achats de pétrole de 64,2% en valeur et de 8,0% en volume, en raison de la baisse des cours constatée ces derniers mois et du ralentissement de la consommation au Japon du fait de la crise. Les importations de minerai de fer ont diminué de 7,6% et celles des produits alimentaires de 12,7%.
“A cause de la crise économique mondiale, le modèle japonais de dépendance aux exportations ne fonctionne plus du tout”, a constaté Kyohei Morita, chef économiste pour le Japon à Barclays Capital.
Doté d’un système financier relativement sain par rapport aux autres pays développés, le Japon avait semblé au départ plutôt épargné par la crise.
Mais miné par l’érosion des exportations et par la diminution des investissements qui en résulte, le pays est entré en récession au troisième trimestre 2008. Au quatrième trimestre, son économie s’est contractée de 12,7% en rythme annuel, sa pire chute depuis le choc pétrolier de 1974.
Selon les économistes, le Japon devrait faire état vendredi d’une chute record de 10% de sa production industrielle de janvier par rapport au mois précédent. Le chômage devrait continuer d’augmenter et pourrait d’ici la fin de l’année dépasser son niveau maximal de l’après-guerre, au-delà de 5,5%.
Et l’optimisme n’est guère de mise concernant un rebond rapide.
“L’économie mondiale se dirige vers la récession. Donc les chances sont très minces de voir une reprise de la demande pour les produits japonais à court ou moyen terme”, a estimé Kirby Daley, chargé de l’analyse stratégique à Newedge Group à Hong Kong.