«Il
n’y a pas beaucoup d’experts du marketing dans l’industrie du casino
mondiale. Je suis l’un d’entre eux». C’est ainsi que se présente M. David
Chow Kam Fai, milliardaire chinois et membre du Parlement de Macao. Une
ville fondée par les Portugais en 1557, et qui n’a été rétrocédée à la Chine
qu’en 1999. Signe particulier : c’est le seul endroit en Chine où les
casinos ne sont pas interdits. Et il s’agit là de la plus importante
attraction de Macao qui draine plus d’argent que Las Vegas. Et le jeu est
donc vital puisqu’il assure 70% des revenus de la ville. Et question casino,
M. David Chow s’y connaît. C’est même l’un des barons locaux les plus en vue
du secteur.
Il rappelle ainsi, dans une interview accordée à “Macau Business” : «Je
veux créer mon empire (…). J’attends encore la prochaine révolution dans la
gestion des casinos (…). J’ai été aux quatre coins du monde. J’ai mis en
place des stratégies marketing pour les Américains à Las Vegas, aux
Philipines, en Corée, et même à Londres».
Parmi les fleurons de l’investisseur asiatique, on citera par exemple le
«Legendale Hotel» de Pékin, qui a accueilli les délégations de 56 pays, et
22 chefs d’Etat, lors des derniers Jeux Olympiques.
Et voici donc qu’une aussi grosse pointure envisage, selon notre agence
de presse nationale, d’investir dans «un méga-projet touristique, récréatif
et de logements» dans la région d’El Haouaria, dans la région du Cap Bon, à
100 km à l’est de Tunis. M. Chow affirme que «la Tunisie est en mesure de
jouer un rôle de pôle régional pour la promotion des activités touristiques
et commerciales, compte tenu de sa position géographique, du climat de
sécurité et de stabilité qui y règne et des traditions d’hospitalité qui la
caractérisent».
A noter que le milliardaire n’en est pas à sa première visite dans notre
pays. Le 14 mars 2008, il a déjà été reçu par notre Premier ministre, M.
Mohamed Ghannouchi. Et notre homme connaît bien notre continent. Puisque son
choix s’est déjà porté sur le Cap-Vert, pour y investir 100 millions de
dollars dans la construction d’un casino dans l’îlot de Santa Maria.
Un détail pourrait avoir joué son rôle dans le choix du milliardaire
chinois : Selon les analystes, les profits faramineux des casinos de Macao
devraient chuter de près de 15% au courant de cette année 2009. Une
destination concurrente émergente, Singapour, met en effet en avant sa
fiscalité avantageuse pour drainer ce type de capitaux, volatils par
essence… En joueur averti, M. David Chow sait ne pas tout miser sur le même
cheval. Mais alors? Verrait-on bientôt un casino du côté d’El Haouaria?
L’intérêt pour la Tunisie ? Profiter de la nouvelle vague des touristes
chinois. Les spécialistes du tourisme international évoquent une nouvelle
manne pour le secteur. Les Chinois se sont enrichis. A l’horizon 2018,
l’Empire du Milieu devrait envoyer 100 millions de voyageurs aux quatre
coins de la planète. La Tunisie, tout comme le Maroc et l’Egypte, pays
touristiques par excellence, veulent aussi leur part du gâteau chinois. Or
en attendant, le nombre des Chinois qui visitent chaque année notre pays
plafonne à 2.000 individus. La majorité d’entre eux sont des «officiels» ou
des commerçants. Les touristes à proprement dit ne représentent à peine que
20% de ce chiffre. Or, les Chinois sont de grands joueurs devant l’Eternel.
Et rien de tel qu’un casino pour titiller leur intérêt…