Zone euro : ralentissement rapide des crédits en janvier

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ésident de la BCE Jean-Claude Trichet, le 15 janvier 2009 à Francfort (Photo : John Macdougall)

[26/02/2009 11:58:01] FRANCFORT, Allemagne (AFP) La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé jeudi un fort ralentissement des crédits et de la masse monétaire en janvier, renforçant la probabilité d’une nouvelle baisse de taux directeurs dans une semaine.

Les crédits au secteur privé ont ralenti, affichant une progression sur an de 5,0% contre 5,8% en décembre, a annoncé la BCE dans un communiqué.

Sur un mois, comparaison jugé trop volatile par l’institution mais suivie de près par les économistes, ils ont augmenté de 0,1%. “La dynamique du crédit était quasi nulle en janvier”, en conclut Michael Schubert, expert BCE à la Commerzbank.

La crise économique conduit les entreprises et les particuliers à réduire ou geler leurs investissements ou emprunts. Mais pas seulement, selon M. Schubert. Les taux d’intérêt sur les crédits, devenus denrées rares en ces temps de crise de confiance entre banques, sont très élevés et rendent l’accès à l’emprunt plus ardu.

Un sondage mensuel auprès de 4.000 industriels allemand réalisé par l’institut Ifo l’illustre. Dans la première économie européenne, le pourcentage des entreprises estimant que les conditions de crédits sont restrictives a monté à 42,5% en février, contre 39,8% en janvier, selon cette étude publiée également jeudi.

Pour Ben May, analyste chez Capital Economics, les chiffres de la BCE sont “une nouvelle preuve que la pénurie du crédit resserre son emprise sur l’économie” de la zone euro.

Parallèlement, la masse monétaire M3, utilisée par la BCE comme un indicateur d’inflation avancé, a elle aussi fortement ralenti. Elle a affiché une hausse sur un an de 5,9% après +7,5% en décembre, soit nettement moins que le consensus d’économistes diffusé par l’agence Dow Jones Newswires (+6,9%).

La masse monétaire M3 mesure les liquidités en circulation et placements à très court terme, donc l’argent rapidement disponible pour l’achat de biens. La BCE continue de s’appuyer sur cet indicateur pour évaluer l’évolution des prix, même si sa fiabilité a été remise en cause ces dernières années.

Ces chiffres confortent les attentes d’une nouvelle baisse des taux d’intérêt directeurs dans une semaine. Les marchés attendent une réduction d’un demi point du principal taux, qui descendrait à un plus bas niveau historique de 1,50%.

“Vous savez que nous ne nous engageons à rien par avance, mais généralement, nous ne prenons pas le marché par surprise”, avait dit mercredi Miguel Angel Ordoñez, gouverneur de la Banque d’Espagne et membre du conseil des gouverneur de la BCE.

“Rien n’empêche la BCE (…) de réduire au bout du compte ses taux plus ou moins à zéro”, estime Ben May de Capital Economics. Mais si l’on en croit Axel Weber, responsable jugé influent de l’institution, le plancher serait plutôt de 1%.

Depuis octobre, la BCE a réduit son principal taux de 4,25% à 2%.