La facture de la crise financière s’alourdit encore pour Dexia

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à Bruxelles (Photo : Dominique Faget)

[26/02/2009 12:13:38] BRUXELLES (AFP) Le groupe bancaire franco-belge Dexia, renfloué fin septembre sur fonds publics, a annoncé jeudi une perte nette encore plus forte que prévu pour 2008, suite à de nouvelles dépréciations liées aux “incertitudes croissantes” sur le marché immobilier américain.

Dexia a perdu 3,326 milliards d’euros l’an passé, dont 2,6 milliards au quatrième trimestre. En 2007, le bénéfice annuel était de 2,5 milliards.

Fin janvier, Dexia avait estimé sa perte annuelle à seulement 3 milliards d’euros. Mais depuis, 300 millions de nouvelles dépréciations ont été passées dans les comptes du quatrième trimestre, sur la valeur du portefeuille de titres RMBS, adossés à des crédits hypothécaires résidentiels, aux Etats-Unis.

Dexia invoque dans son communiqué “la dégradation continue du marché immobilier américain” et “le souci de retenir une approche prudente”.

Au total, la crise financière s’est soldée l’an passé par une perte nette de 5,868 milliards d’euros, dont 3,139 milliards pour la filiale américaine de rehaussement de crédit FSA, dont Dexia a annoncé la cession.

“Au quatrième trimestre, la crise s’est fortement aggravée” avec “le fléchissement de l’économie, aux Etats-Unis en particulier, et l’accélération de la dislocation des marchés financiers”.

Et Dexia se prépare à “un exercice 2009 qui est quand même très incertain”, selon son administrateur délégué, Pierre Mariani.

Il a évoqué “une diminution extrêmement forte de la demande de crédits”, tant des particuliers que des collectivités locales, depuis janvier. Dexia a aussi “commencé à anticiper une augmentation du coût du risque en Turquie”, même si aucun problème n’est avéré pour l’instant.

A la Bourse de Bruxelles, Dexia plongeait de de 6,69% à 1,60 euros à 11h38 GMT.

Pour M. Mariani, les résultats 2008 reflètent “une crise tout à fait exceptionnelle”, mais aussi “le coût de développements hasardeux, mal financés et tentés loin des bases et des métiers qui ont fait la force historique de la société”.

Néanmoins, “Dexia entend améliorer significativement son profil de risque” avec un plan de restructuration qui la “recentre sur des métiers de base qui ont prouvé leur résistance”, a-t-il promis.

Outre la cession de FSA, Dexia a annoncé fin janvier la suppression d’environ 900 emplois en 2009 et une réduction d’activités à l’international.

“Dans un environnement toujours instable, la liquidité s’est graduellement améliorée” depuis fin septembre/début octobre 2008, assure Dexia.

Le groupe, ébranlé par la crise financière, avait alors appelé au secours les Etats belge, français et luxembourgeois qui avaient promis 6,4 milliards d’euros de recapitalisation et accordé des garanties publiques.

En échange, la France et la Belgique sont montées à plus de 50% du capital.

Des négociations techniques sont toujours en cours sur les modalités de l’injection des 376 millions promis par le Luxembourg, mais “la situation de solvabilité de Dexia aujourd’hui permet de ne pas être extrêmement dépendant de l’issue de ces négociations”, a commenté M. Mariani.

Le ratio de fonds propres (Tier 1) atteignait 10,6% fin décembre.