Londres va protéger généreusement les banques contre leurs actifs toxiques

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ège de la RBS à Londres, le 26 février 2009 (Photo : Leon Neal)

[26/02/2009 12:29:25] LONDRES (AFP) Le gouvernement britannique a donné jeudi le coup d’envoi de son plan d’assurance des actifs bancaires toxiques, que Royal Bank of Scotland (RBS) et Lloyds Banking Group (LBG) vont utiliser pour des montants colossaux, et va en plus leur fournir de nouvelles liquidités.

La Royal Bank of Scotland (RBS), qui vient d’essuyer les plus grosses pertes jamais subies par un groupe britannique (27 milliards d’euros), a étrenné le “plan de protection des actifs”, dans lequel l’Etat propose de couvrir l’essentiel des pertes générées par les actifs risqués des banques, au coeur de la crise du crédit.

Elle va faire assurer par l’Etat pas moins de 325 milliards de livres (366 milliards d’euros) d’actifs plus ou moins “toxiques”. Il couvrira 90% des pertes engendrées par ces actifs, au-delà d’une franchise de 19 milliards.

Les conditions de ce plan sont beaucoup plus généreuses que les estimations qui circulaient dans la presse: l’Etat va facturer à RBS seulement 2% du montant des actifs assurés (au lieu des 3 à 4% jusqu’ici évoqués), soit 6,5 milliards de livres, que la banque lui règlera sous forme d’actions spéciales – elle n’aura donc rien à lui débourser en espèces.

Qui plus est, le Trésor (ministère des Finances) va injecter dans RBS de nouvelles liquidités: une première tranche de 13 milliards de livres est prévue, avec un complément éventuel de 6 milliards, la banque s’engageant en échange à accroître ses prêts au Royaume-Uni.

Au total, l’Etat apportera donc jusqu’à 25,5 milliards de livres de capitaux frais à RBS.

Celle-ci a déjà reçu 20 milliards de livres dans le cadre des précédents plans de sauvetage bancaires, et l’Etat détient actuellement près de 70% de son capital. Du coup, ces nouvelles aides devraient théoriquement faire grimper sa participation jusqu’à 95% du capital, selon le directeur général de RBS, Stephen Hester.

Mais pour éviter d’aboutir à une telle nationalisation quasi-complète, à laquelle le gouvernement se refuse, l’Etat s’est arrangé pour que les nouveaux capitaux soient versés sous forme d’actions sans droit de vote, pour que sa participation ne dépasse pas juridiquement 75% du capital.

Ces conditions ont réjoui la Bourse, le titre de la banque ayant pris jusqu’à 40%.

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à l’entrée d’un bâtiment de la Lloyds, le 15 février 2009 à Londres (Photo : Frantzesco Kangaris)

De son côté, Lloyds Banking Group (détenue à 43% par l’Etat) a confirmé qu’elle négociait avec le Trésor sa participation à ce plan, comme l’avait rapporté la presse, sans aucune certitude toutefois qu’elle en bénéficiera dans les mêmes conditions que sa consoeur RBS.

Elle devrait annoncer un accord à ce sujet vendredi, en marge de la présentation de ses résultats annuels. Selon plusieurs journaux, elle va faire assurer, elle aussi, des centaines de milliards de livres d’actifs risqués.

Et Barclays (qui n’a pas eu recours jusqu’ici à l’Etat pour se recapitaliser, contrairement à RBS et LBG) pourrait également demander plus tard à bénéficier de l’assurance gouvernementale.

Le Trésor a d’ailleurs précisé jeudi que les banques avaient jusqu’au 31 mars pour souscrire à ce régime, qui figurait parmi les principales mesures de son dernier plan de sauvetage bancaire annoncé en janvier.

Et le ministre des Finances Alistair Darling les a encouragées à le faire, y voyant un “point de départ essentiel” pour les purger des risques excessifs du passé et relancer le marché du crédit, même si, a-t-il reconnu, “cela ne se fera pas du jour au lendemain”.