UBS sort un joker pour tenter de sortir enfin du marasme

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é du nouveau directeur général d’UBS Oswald Gruebel, publié par le Crédit Suisse le 26 février 2009

[26/02/2009 12:44:27] ZURICH (AFP) La première banque suisse UBS a appelé jeudi à son secours l’ancien sauveur de sa rivale Credit Suisse pour tenter de redorer son blason et “rétablir la confiance” de ses clients laminée par une accumulation de déboires financiers et ses démêlés judiciaires aux Etats-Unis.

L’ancien chef de Credit Suisse, Oswald Grübel, remplace ainsi l’actuel directeur général Marcel Rohner, qui avait annoncé son intention de démissionner en janvier, a indiqué UBS.

Cette décision “constitue une nouvelle étape en vue de rétablir la confiance en UBS et de ramener la banque sur la voie du succès”, a assuré l’institution comptant sur “la vaste expérience d’Oswald Grübel dans le secteur bancaire”.

De fait, le banquier d’origine allemande, âgé de 65 ans, a fait pratiquement toute sa carrière chez Credit Suisse avant sa retraite en 2007.

Il avait été nommé co-directeur en 2003 durant les heures noires de la deuxième institution helvétique, entachée par le scandale Enron, tandis qu’elle affichait de lourdes pertes pour 2002. Un an plus tard, la banque renouait déjà avec les bénéfices, un succès assurant la notoriété de M. Grübel.

“Il a été l’architecte d’un redressement fructueux au cours duquel il est parvenu à rétablir la confiance dans la banque alors qu’elle traversait une phase de turbulences”, a insisté UBS.

Mais cette fois la tâche devrait s’avérer plus complexe tant UBS accumule les mauvaises nouvelles depuis la crise des “subprime” américains de 2007: dépréciations d’actifs de près de 50 milliards de dollars, fuite de capitaux sans précédent de plus de 220 milliards de francs suisses en 2008 et pour l’année une perte historique de 13 milliards d’euros.

Sans compter les scandales financiers. UBS est impliquée dans l’affaire Madoff à travers un fonds, LuxAlpha, géré au Luxembourg. Mais surtout, cerise sur le gâteau, le fleuron de l’économie suisse est mis à mal aux Etats-Unis où il est accusé d’avoir aidé des clients américains à échapper au fisc.

Sous la pression, UBS a fini la semaine dernière par lâcher les noms de quelque 300 clients, écornant le sacro-saint secret bancaire qui a fait la fortune de la Confédération.

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ège de l’UBS à New York, le 19 février 2009 (Photo : Timothy A. Clary)

L’affaire a provoqué un véritable tollé en Suisse achevant d’anéantir la confiance dans l’institution. Et jeudi, le magazine l’Hebdo titrait en Une “Affaire UBS, le trio qu’il faut chasser” comprenant notamment Marcel Rohner.

L’arrivée d’une nouvelle tête expérimentée a enthousiasmé les marchés. Le titre de la banque, qui a touché un plus bas historique en début de semaine sous les dix francs, bondissait de près de 11,78% à 11,29 francs dans un marché en hausse de 1,01% à 11h23 GMT.

“M. Grübel a la force de caractère et les connaissances bancaires pour prendre ce poste chez UBS et réussir la stratégie” engagée l’été dernier, a commenté l’analyste de la banque Helvéa Peter Thorne.

Un point de vue partagé par un analyste de Vontonbel: “nous sommes convaincus que ce choix (…) accélérera le processus de transformation en cours d’UBS”.

UBS cherche en effet à se recentrer sur son coeur de métier de gestion de fortune, écumant sérieusement les rangs de sa banque d’investissement tenue pour responsable d’une partie de ses malheurs. Depuis octobre 2007, la banque a annoncé 11.000 suppressions de poste.

Et d’autres pourraient suivre, comme l’a laissé entendre M. Grübel dans une lettre adressée jeudi aux quelque 77.000 salariés de la banque. “Vu les conditions de marchés, les réductions de coûts seront inévitables”, a-t-il prévenu.