Pour le patron de la Banque d’Angleterre, la meilleure défense c’est l’attaque

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ésidence du Premier ministre britannique, à Londres le 13 janvier 2009 (Photo : Shaun Curry)

[26/02/2009 16:10:44] LONDRES (AFP) Le gouverneur de la Banque d’Angleterre, Mervyn King, a défendu jeudi le rôle des banques centrales dans la détection de la crise et l’évaluation des risques pris par les banques commerciales, affirmant que ces dernières étaient au centre d’un système à réformer.

Face à la commission des Finances de la chambre des Communes, le patron de la banque centrale britannique s’est défendu en expliquant qu’il était certes nécessaire mais difficile de mesurer la fragilité des banques et de leurs bilans respectifs.

“Cela prendra des mois de définir l’ampleur des sommes requises pour éponger la crise actuelle” a-t-il reconnu devant les parlementaires, montrant par ailleurs sa détermination à défendre le rôle et les capacités des banquiers centraux, ses attributions ayant en l’occurrence été définies par le parlement.

Quant à trouver un coupable, “il ne sert à rien de se venger de tel ou tel directeur de banque”, a-t-il asséné en réponse à une attaque sur Fred Goodwin, ancien patron de Royal Bank of Scotland (RBS), en partie nationalisée.

En début de mois, lors d’une audition aux allures de procès retransmise en direct à la télévision, Dennis Stevenson et Andy Hornby, respectivement ex-président et ex-directeur général de HBOS, et leurs anciens rivaux de RBS, Tom McKillop et Fred Goodwin, avaient été passés au gril pendant plus de trois heures, fait acte de contrition pour leur rôle dans la crise financière, et admis qu’il faudrait revoir les rémunérations du secteur.

Tout en admettant avoir manqué de perspicacité et échoué à prévoir la tournure des événements, ils avaient toutefois tenu à souligner que les responsabilités étaient partagées.

“Je ne crois pas que quelqu’un ait prédit que les choses allaient empirer aussi vite, et je ne crois pas, pour être honnête, que la Banque d’Angleterre l’ait anticipé”, avait ainsi lancé M. Goodwin.

“Il faudrait essayer plutôt de savoir améliorer ce système qui ne s’est pas effondré par la faute d’un seul homme” a résumé jeudi M. King.

Le gouverneur n’a pas été avare de critiques envers le système financier, considéré il y a encore quelques mois comme une des plus grandes réussites de l’économie britannique, et envers la faible compréhension de ses acteurs face aux instruments qu’ils ont eux-mêmes créés et qui ont généré les plus grosses pertes.

Mais au-delà des critiques, M. King a voulu poser ses questions à la Commission. Selon lui, il y en a deux: comment l’argent a été dépensé (dans le cadre des plans de sauvetage publics) et y a-t-il eu une surveillance assez complète des bilans des banques ?

La dernière question relève d’une instance indépendante, comme aux Etats-Unis, a jugé le gouverneur, alors que, côté dépense, le gouvernement britannique a donné jeudi le coup d’envoi de son plan d’assurance des actifs bancaires toxiques, que Royal Bank of Scotland (RBS) et Lloyds Banking Group (LBG) vont utiliser pour des montants colossaux, et va en plus leur fournir de nouvelles liquidités.

“Ce n’est pas seulement une question de chiffres mais de courage pour répondre à des questions remettant en cause le fonctionnement du système”, a-t-il estimé, jugeant que la question était de faire la part entre “le contrôle à exercer sur les risques pris par les institutions financières et la marge de liberté qu’il faut leur laisser pour investir et créer de nouveaux instruments”.

“Sommes nous plus malins que nos prédécesseurs ?” s’est-il enfin interrogé, alors que de nombreux établissements de la City reviennent à des méthodes de gestion “à l’ancienne” et se retournent vers leurs cadres les plus expérimentés.