à Bordeaux le 13 janvier 2009 (Photo : Jean-Pierre Muller) |
[26/02/2009 17:30:11] PARIS (AFP) La France perd du terrain sur le marché mondial du vin en raison d’un manque de compétitivité face à ses principaux concurrents que sont l’Italie et l’Espagne alors que la consommation au niveau mondial progresse.
“La France a été longtemps le premier pays consommateur et nos compétiteurs ont avancé plus vite que nous”, a expliqué jeudi Georges-Pierre Malpel, directeur l’Office des fruits, des légumes, des vins et de l’horticulture (Viniflhor) au cours d’une conférence de presse au salon de l’agriculture.
Viniflhor présentait son étude, réalisée chaque année depuis 10 ans, sur la compétitivité des principaux pays producteurs. Cette compétitivité est mesurée sur des critères tant quantitatifs (superficie de vigne, par exemple) que qualitatifs (maladies, pression des lobbies anti-alcool,…).
“Je suis très déçu de voir tant d’énergie pour faire des études de ce type et le peu d’application que l’on en fait dans la filière”, a déclaré Alain Cornelissens, ex directeur général de la coopérative, la Chablisienne.
Ce dernier a cité en exemple l'”erreur stratégique” commise par les vins d’appellation de Chablis d’augmenter les prix de 20 à 35% sur le millésime 2008, entraînant des pertes de parts de marché “radicales”.
Bruno Kessler, vice-président de l’Association Générale des entreprises du vin (AGEV) qui rassemble les négociants, a insisté pour sa part sur la nécessaire adaptation au marché.
La seule vente de grands crus sur le marché mondial a vécu, il s’agit désormais de proposer un grand éventail de vins et de prix, une des clés du succès à l’export.
Les pays producteurs doivent être d’autant plus compétitifs que les exportations ne cessent d’augmenter au niveau mondial pour répondre à une consommation elle aussi toujours croissante.
Et la consommation progressant essentiellement dans les pays avec pas ou peu producteurs, les exportations prennent une part croissante dans l’économie viticole.
En 2007, 38% des volumes de vins consommés dans le monde ont franchi une frontière, soit 91 millions d’hectolitres, contre à peine 50 millions dans les années 80.
L’Italie et la France, qui dominaient le marché au début des années 80, ont été rattrapées par l’Espagne au début des années 2000.
Depuis ces trois pays se livrent une concurrence acharnée, les vins américains, chiliens ou encore argentins restant encore distancés.
Dans le classement établi chaque année par Viniflhor des pays les plus compétitifs, l’Italie est en première position. Sa politique commerciale offensive lui permet de progresser sur les marchés internationaux.
La France a certes amélioré sa position en 2008 en se hissant de la troisième à la deuxième place mais cette année elle devrait régresser, en raison d’une mauvaise récolte, de la poursuite du plan d’arrachage définitif de pieds de vigne ainsi que de la baisse de ses exportations.
Depuis quelques années déjà la France se fait distancer. Sa part de marché s’érode tant en valeur qu’en volume. Elle ne représente plus que 17% des volumes et 34% de la valeur du marché mondial, contre respectivement 25% et 51% au début des années 90.
L’Espagne a elle rétrogradé à la troisième place, alors que depuis 2005 le pays était sur la première marche du podium. Mais avec le plus grand vignoble du monde, en cours de restructuration, le pays devrait retrouver le haut du classement cette année.
Les Etats-Unis arrivent en quatrième position devant le Chili (5ème), le Portugal (6ème) et encore l’Argentine (7ème).