UBS sort un joker pour tenter de s’extirper du marasme

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é du nouveau directeur général d’UBS Oswald Gruebel, publié par le Crédit Suisse le 26 février 2009

[26/02/2009 17:38:16] ZURICH (AFP) La première banque suisse UBS a appelé jeudi à son secours l’ancien sauveur de sa rivale Credit Suisse pour tenter de redorer son blason et “rétablir la confiance” de ses clients, laminée par une accumulation de déboires financiers et ses démêlés judiciaires aux Etats-Unis.

L’ancien chef de Credit Suisse, Oswald Grübel, remplace l’actuel directeur général d’UBS Marcel Rohner qui avait annoncé son intention de démissionner en janvier, a indiqué la banque.

Cette décision “constitue une nouvelle étape en vue de rétablir la confiance en UBS et de ramener la banque sur la voie du succès”, a assuré l’institution comptant sur “la vaste expérience d’Oswald Grübel dans le secteur bancaire”.

De fait, le banquier d’origine allemande, âgé de 65 ans, qui a fait pratiquement toute sa carrière chez Credit Suisse avant sa retraite en 2007, a bâti sa notoriété en 2003, aux heures noires de la deuxième institution helvétique entachée par le scandale Enron et affaiblie par de lourdes pertes annuelles.

Alors co-directeur de la banque, il a assuré en moins d’un an son retour dans le vert. “Il a été l’architecte d’un redressement fructueux” sortant Credit Suisse de ses turbulences, a insisté UBS qui espère bien un succès identique.

Mais cette fois la tâche devrait s’avérer plus complexe tant UBS accumule les mauvaises nouvelles depuis la crise des “subprime”, qui a commencé en 2007 aux Etats-Unis: dépréciations d’actifs de près de 50 milliards de dollars, fuite de capitaux sans précédent de plus de 220 milliards de francs suisses en 2008 et pour l’année une perte historique de 13 milliards d’euros.

Sans compter les scandales financiers. UBS est impliquée dans l’affaire Madoff à travers un fonds, LuxAlpha, géré au Luxembourg. Mais surtout, cerise sur le gâteau, le fleuron de l’économie suisse est mis à mal aux Etats-Unis où il est accusé d’avoir aidé des clients américains à échapper au fisc.

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ège de l’UBS à New York, le 19 février 2009 (Photo : Timothy A. Clary)

Sous la pression de Washington, UBS a fini la semaine dernière par lâcher les noms de quelque 300 clients, écornant le sacro-saint secret bancaire qui a fait la fortune de la Confédération helvétique.

L’affaire a provoqué un véritable tollé en Suisse, achevant d’anéantir la confiance dans la banque. Jeudi, le magazine l’Hebdo titrait en Une “Affaire UBS, le trio qu’il faut chasser”, comprenant notamment Marcel Rohner.

L’arrivée d’une nouvelle tête expérimentée a enthousiasmé les marchés. Le titre UBS, qui a touché un plus bas historique en début de semaine avec une valeur de moins de 10 francs suisses, a clôturé sur un rebond de 16,24% à 11,74 francs, dans un marché en hausse de 1,45%.

“M. Grübel a la force de caractère et les connaissances bancaires pour prendre ce poste chez UBS et réussir la stratégie” engagée l’été dernier, a commenté l’analyste de la banque Helvéa, Peter Thorne.

Le nouveau directeur s’est donné deux ans pour redresser la barre de la banque et réussir son recentrage sur la gestion de fortune. Il a déjà laissé entendre qu’il pourrait procéder à de nouvelles coupes dans les effectifs alors qu’UBS a déjà supprimé 11.000 postes depuis octobre 2007.

“Vu les conditions de marchés, les réductions de coûts seront inévitables”, a-t-il prévenu dans une lettre adressée jeudi aux quelque 77.000 salariés de la banque.

M. Grübel a également fait savoir qu’il voulait mettre un terme aux litiges juridiques auxquels la banque est confrontée notamment aux Etats-Unis où le fisc réclame encore des informations sur quelque 52.000 comptes.

“Il est indispensable de respecter toutes les lois et les réglementations dans chaque activité et chaque marché”, a-t-il martelé dans sa lettre.