Depuis qu’il brasse des milliards à l’échelle planétaire, le
sport est aussi devenu une véritable industrie. Une industrie qui nécessite des
compétences rompues à l’art de gérer l’image de marque de nos champions et de
nos équipes. Une image de marque qui vaut (dans certains cas) de l’or,
monnayable sur le marché.
Dans notre pays, cette question commence à être traitée avec le sérieux
qu’elle mérite. Ainsi, M. Béchir Louzir, secrétaire d’Etat chargé des Sports, a
présidé, le 23 février 2009 à Tunis, la cérémonie d’ouverture d’un séminaire,
devant un aréopage de responsables de fédérations d’Afrique, d’Asie, d’Europe et
d’Amérique du Sud. Le thème aujourd’hui brûlant du marketing sportif a été au
centre des discussions. Un séminaire organisé par le Comité national olympique
tunisien (Cnot) avec la collaboration du Comité international olympique (CIO),
dans le cadre du programme Memos (Master exécutif en management des
organisations sportives).
Les Tunisiens se penchent donc sur le sujet. Nos “grandes” équipes de
football ont d’ailleurs à leur service de véritables spécialistes en la matière.
Ainsi, le vice-président chargé du marketing, du sponsoring et de
l’organisation auprès de l’Espérance Sportive de Tunis, M. Lyes Ghariani,
précise que le but est de «commercialiser les espaces publicitaires du club à
commencer par le maillot de l’équipe de football, de handball ou de volley-ball;
les panneaux du stade ou de la salle Zouaoui, les bannières du site Internet».
En somme, il s’agit de «maximiser les rentrées d’argent pour le club sachant
que les droits de télévision restent encore modestes». Les autres grands clubs
de la capitale, à savoir le Club Africain et le Stade Tunisien, ont également
des responsables qui chapeautent les commissions marketing. Ainsi, Khlil Chaibi
pour le Club de Bab Jedid veille-t-il sur la commercialisation de l’image de
marque des “Rouge et Blanc”. Du côté du club de Bardo, c’est M. Raouf Guiga qui
dirige l’orchestre.
L’Etoile Sportive du Sahel n’est pas en reste, puisque ses revenus
publicitaires se sont élevés à plus de 1,2 million de dinars (enregistrées à fin
juin 2008). Une somme non-négligeable en comparaison des recettes du stade de
football qui ont atteint plus de 1,3 million de dinars sur la même période. De
quoi contribuer à soutenir le rythme des dépenses de la section de football, à
hauteur de près de 6 millions de dinars de nos dinars. Idem pour la Fédération
tunisienne de football qui prévoit dans ses statuts (article 58 chapitre IV) que
ses recettes proviennent également du «sponsoring et du marketing», ainsi que
des «ressources de la publicité et des retransmissions télévisées des matches».
En somme, il n’y en aurait (presque) que pour le football. Même si certains
grands communicateurs, comme notamment le groupe de Karoui & Karoui se sont
ouverts aux champs (encore largement en friche chez nous), du marketing sportif,
par le biais de la… natation. On se souviendra que les frères Karoui ont voulu
miser sur notre champion olympique, notre Oussama Mellouli national. Mais c’est
sans doute en ces années 2000 que l’on aura assisté à la véritable naissance du
marketing sportif tunisien. On notera par exemple au passage, que c’est en
juillet 2007 que notre Comité national olympique a décidé, à son tour, de créer
«une commission du marketing et de sponsoring».
Cette face (financière) de moins en moins cachée de notre sport a même ses
filières d’enseignement supérieur. Puisque depuis l’année académique 2002-2003,
il existe une branche baptisée «Administration et Gestion du Sport» à l’Institut
Supérieur du Sport et de l’Education Physique (ISSEP) de Ksar Saïd. Parce qu’en
définitive, en ces temps de crise, séduire les sponsors pour faire recette,
c’est aussi du sport.