A l’occasion du lancement du BizSpark de Microsoft, nous avons
rencontré M. Walid Abu-Hadba, le vice-président de Microsoft, qui a bien voulu
accepter nous apporter quelques éclaircissements à propos du programme BizSpark.
Webmanagercenter:Tout
d’abord, le lancement du projet BizSpark vient réveiller des ambitions chez
les jeunes tunisiens. Certes, il s’agit d’un projet novateur et utile pour
les start-ups dès la phase de l’amorçage, mais nous nous interrogeons sur la
forme que va revêtir ce projet. Est-ce qu’il s’agit d’une joint-venture, une
franchise ou une assistance technique ?
Walid Abu-Hadba : Pas du tout, ça ne fait pas partie de notre approche
pour ce projet à vocation internationale. BizSpark, comme vous le savez, est
un programme mondial destiné à soutenir les jeunes tunisiens dans la
création et le développement de leurs entreprises. Nous mettons à leur
disposition notre expérience et notre expertise.
Comme je viens de l’expliquer lors de la séance d’ouverture, ce programme
repose sur trois piliers, l’accès aux plateformes logicielles de Microsoft,
le support d’un écosystème de partenaire et une visibilité mondiale. Au-delà
de ces trois piliers, les jeunes opérateurs vont oeuvrer en toute liberté et
en toute indépendance. Notre vocation est d’apporter conseils et assistance,
familiariser les start-ups sur nos logiciels qui seront mis à leur
disposition quasi-gratuitement et sans rappeler que les jeunes promoteurs,
surtout dans le domaine du high-tech, ont souvent des moyens modestes pour
démarrer leurs projets.
Personne ne peut soupçonner vos nobles intentions pour promouvoir les
jeunes tunisiens et les inciter à s’investir dans ce programme, considéré
comme une rampe de développement des start-ups. Mais vous ne voyez pas que,
pour un géant mondial comme Microsoft qui cherche souvent à cumuler des
profits, vos intérêts dépassent de loin ce que vous venez de déclarer ?
Je veux bien vous expliquer une chose. Bien que Microsoft soit une
société à but lucratif, nous finançons également les «oeuvres sociales», et
nous sommes déjà engagés dans des programmes de développement régional. Nous
avons commencé, pour la région arabe, par la Jordanie, aujourd’hui la
Tunisie, et prochainement d’autres pays émergents qui vont bénéficier de ce
programme. En plus du programme de BizSpark, nous allons lancer également
les dream park, un ensemble de logiciels, destiné aux élèves du secondaire
en Tunisie. Notre objectif consiste en fait à véhiculer la culture numérique
et aider ces pays à se doter des moyens qui leur permettent de parier sur un
secteur porteur et générateur d’emplois.
Ce programme stipule que les start-ups sont tenues de publier leurs
logiciels sur Internet, selon les conditions d’éligibilité au programme.
Dans ce cas, quelles sont les garanties de la non violation de la propriété
intellectuelle des jeunes tunisiens, sachant que vous-même souffrez du
piratage de vos logiciels ?
C’est une bonne question. Les problèmes de la violation de la propriété
privée est un fait que nous ne pouvons pas ignorer ou en négliger les
dégâts. Nous essayons de nous collaborer avec les autorités dans chaque pays
afin de combattre ce comportement qui nuit à la prospérité de ce secteur.
Nous ne pouvons que sensibiliser. Par contre, les jeunes innovateurs
tunisiens seront protégés sur notre annuaire, et de toute façon, leur
présence, en elle-même, sur nos réseaux, va leur donner l’opportunité d’être
vus par les investisseurs potentiels, des clients et des partenaires. Il
s’agit là d’une internationalisation et une médiatisation de leurs logiciels
de service, ce qui va minimiser les dégâts de la violation de la propriété
intellectuelle.
Dernière question, ce programme permet aux jeunes promoteurs un accès “low
cost” voire gratuits aux plateformes technologiques de Microsoft, et donc de
bénéficier des logiciels et des applications qui coûtent cher, certains aux
alentours des 100.000 dollars. Est-ce qu’il s’agit d’une certaine approche
pour contrecarrer les applications “open source”?
Les applications «open source», nous ne les comptons même pas dans nos
approches. Pour vous faciliter la tâche, je peux vous donner un chiffre.
Pour chaque dollar gagné par Microsoft, les entreprises qui utilisent nos
logiciels touchent 18 dollars comme bénéfice net. Je vous laisse imaginer
leurs bénéfices.
La morale de l’histoire, c’est que les programmes «open source», peuvent
certes aider les jeunes à se familiariser avec les langages de
programmation, mais ils ne serviront à rien pour les activités
professionnelles. Même dans les pays développés, les «open source» sont
utilisés largement. Certainement, nous n’avons aucun souci à propos de ces
applications.