AIG, face à une perte abyssale, espère être encore sauvé par Washington

photo_1235811370034-1-1.jpg
èricain AIG le 17 septembre 2008 à New York. (Photo : Stan Honda)

[28/02/2009 08:58:44] NEW YORK (AFP) L’assureur américain AIG, qui devrait publier lundi une perte annuelle abyssale, espère être sauvé une nouvelle fois par Washington, après de multiples rumeurs sur une nouvelle intervention massive de l’Etat, un trou historique, voire une faillite retentissante.

AIG a annoncé qu’il publierait ses résultats lundi vers 11H00 GMT. Le marché les envisage comme les pires de l’histoire pour une entreprise américaine et spécule sur une nouvelle annonce de sauvetage du groupe.

Après avoir pris des actions ordinaires chez un autre géant de la finance en perdition, Citigroup, le département du Trésor a indiqué vendredi n’avoir “aucune nouvelle annonce” à faire sur AIG.

L’ex-numéro un mondial de l’assurance, en dépit d’opérations de renflouement colossales par Washington (150 milliards de dollars) et d’une mise sous tutelle, est toujours exsangue, selon la presse, après avoir déjà perdu 37,7 milliards de dollars sur les neuf premiers mois de 2008.

Peu d’analystes s’avancent à des pronostics: plusieurs ne suivent plus AIG, à l’instar de la maison de courtage Stifel Nicolaus qui juge l’assureur “non analysable” en raison de ses “problèmes actuels”, de “la fonte de sa valeur” en Bourse, avec une action à moins de 50 cents, et de “l’implication accrue du gouvernement”.

AIG a sombré à cause d’un appétit excessif pour les placements à risques. Le groupe s’est particulièrement investi sur le marché autrefois florissant des CDS (“Credit Default Swap”), qui l’a mené à sa perte quand les entreprises se sont mises à faire défaut sur leur dette.

photo_1235811407831-1-1.jpg
à New York, le 24 février 2009 (Photo : Mario Tama)

Il négocierait une aide fédérale de 60 milliards de dollars pour éponger une perte nette du même montant au quatrième trimestre, et continuer d’assurer ses opérations courantes.

Un abaissement de ses notations financières est possible, rendant plus compliqué encore son refinancement sur les marchés.

AIG a confirmé cette semaine “travailler avec le gouvernement sur de nouvelles possibilités pour résoudre (ses) difficultés financières”. Il doit fournir “un point complet lors de la publication des résultats”.

Une nouvelle intervention de Washington n’est cependant pas acquise, car l’Etat a déjà atteint une participation de 79,9%. Le gouffre paraît sans fond, alors que les sommes débloquées par le Congrès pour venir en aide au système financier ont leurs limites.

Un scénario à l’étude serait la scission de la holding en trois entités, selon le Financial Times, dans lesquelles l’Etat répartirait sa participation actuelle.

Lâché par les investisseurs et ses partenaires, le groupe, dans sa forme actuelle, semble courir vers une mort certaine que seule a retardée l’intervention publique.

Depuis sa mise sous tutelle en septembre, il cède des actifs tous azimuts, des plus périphériques jusqu’à certains joyaux de sa couronne, pour rembourser Washington. Mais récemment, AIG aurait refroidi plusieurs candidats à des rachats en étant trop gourmand.

La presse s’est fait l’écho des déboires de sa filiale AIA, leader de l’assurance-vie en Asie, dont AIG voulait retirer de 20 à 40 milliards de dollars, là où les estimations de marché descendent sous les 9 milliards.

Les avocats de l’assureur préparent l’éventualité d’un dépôt de bilan, selon le Wall Street Journal.

Même si le groupe n’est plus que l’ombre du géant qu’il représentait en septembre, une faillite resterait un choc immense étant donné le réseau mondial de ses clients, entreprises et institutionnels, et contreparties financières.

Le dossier AIG doit faire l’objet d’une audition parlementaire jeudi sur “les raisons de l’échec, l’intervention de l’Etat et les implications pour la régulation future”.