Nigeria : fin des subventions des prix pétroliers, les syndicats menacent

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Carte du Nigeria

[28/02/2009 10:22:34] LAGOS (AFP) Les principales organisations syndicales du Nigeria ont menacé samedi le gouvernement de mouvements importants suite à la décision des autorités de ne plus subventionner le prix des produits pétroliers et de privatiser les quatre raffineries du pays.

Le comité fédéral chargé de gérer les effets de la crise économique internationale a pris ces décisions jeudi, arguant du fait qu’il n’avait plus les moyens de subventionner les produits pétroliers.

Le ministre des Finances Mansur Muthar a ainsi indiqué qu’en 2008 le gouvernement avait dépensé 640 milliards de naira (4,3 mds USD, 3,4 mds euros) en subventions pour l’approvisionnement et le prix des produits pétroliers.

“Nous ne pouvons plus, a-t-il dit, supporter ce fardeau fiscal. Il y a une réalité à laquelle nous devons faire face, nous n’avons donc prévu aucune mesure budgétaire pour subventionner” un système caractérisé selon le ministre par “l’inefficacité, la fraude et le racket”.

Le National Labour Congress (NLC, centrale ouvrière) et le Trade Union Congress (TUC, cadres) ainsi que les deux syndicats du secteur pétrolier (Nupeng et Pengassan) ont ouvertement dénoncé ces mesures.

Ces deux dernières organisations doivent se rencontrer lundi pour décider d’une “réponse appropriée”.

“Nous allons nous opposer à ces mesures”, a déclaré au quotidien The Guardian le patron du Pengassan (syndicat de cadres), Bayo Ogun.

Gros producteur de pétrole, le Nigeria importe paradoxalement 85% de sa consommation de produits pétroliers raffinés, du fait notamment que les quatre raffineries du pays, gérées par la Compagnie pétrolière nationale du Nigeria (NNPC), fonctionnent bien en-deça de leur capacité (445.000 barils par jour). Quand elles ne sont pas en panne.

Le patron du syndicat des employés nigérians du pétrole Nupeng, Peter Akpatason, a de ce point de vue condamné la dérégulation et conseillé au gouvernement de plutôt faire fonctionner les raffineries.

Le président du TUC, Peter Esele, a pour sa part critiqué la dérégulation ainsi que le moment de la décision, “alors que le prix du pétrole est au plus bas, que le naira a été très fortement dévalué par rapport au dollar (au moins 20%), que les salaires stagnent et que le coût de la vie est toujours aussi haut”.

Pour le dirigeant du syndicat ouvrier NLC, le choix du gouvernement “est outrageant et inacceptable”.

A peine arrivé au pouvoir fin mai 2007, le président Umaru Yar’adua avait dû faire face à une grève générale de quatre jours à la suite d’une augmentation de 15% du prix de l’essence à la pompe et de la vente à des hommes d’affaires proches de son prédécesseur Olusegun Obasanjo de 51% de deux raffineries publique.

Le gouvernement avait dû faire marche arrière.