étrangères, Nkosazana Dlamini-Zuma, le 26 février 2009 au Cap (Photo : Jacoline Prinsloo) |
[01/03/2009 13:34:30] LE CAP (AFP) L’Afrique australe s’est engagée vendredi à aider le Zimbabwe à rassembler deux milliards de dollars nécessaires à son redressement économique, sans promettre pour autant de dégager les fonds demandés par le nouveau gouvernement de Harare.
La Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) organisera en mars “un sommet extraordinaire pour considérer les propositions financières soumises par le Zimbabwe”, a annoncé à la presse la ministre sud-africaine des Affaires étrangères, Nkosazana Dlamini-Zuma.
Les responsables zimbabwéens “nous ont dit qu’ils avaient besoin de deux milliards de dollars américains” (1,5 milliard d’euros) pour redresser leur économie moribonde, a-t-elle déclaré à l’issue d’une réunion ministérielle du bloc régional, au Cap.
“Au sein de la SADC, nous sommes tous déterminés à aider le Zimbabwe à mobiliser ces ressources”, notamment en “contactant collectivement au nom de la SADC les donateurs internationaux”, a-t-elle ajouté, sans évoquer des financements directs par la région.
Le Premier ministre zimbabwéen Morgan Tsvangirai – qui a formé mi-février un gouvernement d’union avec son rival historique le président Robert Mugabe – avait évalué la semaine dernière à cinq milliards de dollars le coût de la reconstruction à long terme de son pays.
Cette somme correspond à plus du double du Produit intérieur brut (PIB) du Zimbabwe en 2008, mais répond à un enjeu énorme: les services d’eau, d’assinissement, d’éducation sont effondrés, le chômage affecte 94% des adultes et l’hyperinflation se chiffre en milliards pour cent.
Devant la prudence des donateurs occidentaux, qui demandent à Robert Mugabe de respecter l’Etat de droit avant de débloquer des fonds, Morgan Tsvangirai s’est tourné vers ses voisins pour obtenir une aide d’urgence.
Vendredi dernier, il s’est rendu en Afrique du Sud, qui préside actuellement la SADC, pour lui présenter ses projets économiques et chiffrer l’aide nécessaire pour les réaliser.
Selon un responsable proche des discussions de la SADC, la plupart des pays de la région peinent déjà à répondre aux besoins de leurs populations et ne sont pas en mesure de venir en aide au Zimbabwe.
Seuls l’Afrique du Sud et l’Angola, grâce à son pétrole, semblent en mesure de débloquer des fonds. Et encore, ils font aussi face à d’énormes demandes intérieures pour corriger des années d’apartheid (1948-1994) ou de guerre civile (1975-2002).
Hasard du calendrier, alors que Morgan Tsvangirai peine à convaincre les donateurs, les partisans du président Mugabe ont réussi à collecter plus de 250.000 dollars (200.000 euros) pour fêter en grande pompe le 85e anniversaire de leur leader.
Le chef d’Etat, qui dirige le Zimbabwe d’une main de fer depuis l’indépendance en 1980, a eu 85 ans le 21 février et doit célébrer samedi cet anniversaire dans son village natal de Chinhoyi, à 150 km au nord-ouest de Harare.
Le faste annoncé contraste avec la misère dans laquelle vivent les Zimbabwéens, dont la majorité dépend d’une aide alimentaire pour survivre. Morgan Tsvangirai a toutefois indiqué qu’il participerait à la fête “dans un esprit d’unité nationale”.
Mais cet esprit est compromis par le maintien en détention d’une trentaine de prisonniers politiques, a estimé vendredi son parti, en réclamant à nouveau leur libération immédiate.
Le Mouvement pour le changement démocratique (MDC), qui s’est réuni pour dresser le bilan de ses 15 premiers jours au gouvernement, a également réclamé la fin des attaques contre les fermiers blancs.