France : la croissance et l’emploi vont souffrir plus que prévu cette année

[02/03/2009 14:50:13] PARIS (AFP)

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ée d’une agence “Pôle Emploi”, le 5 janvier 2009 à Hazebrouck (Photo : Denis Charlet)

Prenant acte de l’ampleur de la crise, le gouvernement français a révisé drastiquement en baisse ses prévisions de croissance, anticipant désormais un recul du produit intérieur brut (PIB) de 1,5% en 2009 avec “plus de 300.000 destructions” d’emplois.

Alors que la France avait échappé de justesse à la récession au troisième trimestre 2008, l’économie a subi un violent coup d’arrêt au quatrième, avec un effondrement de 1,2% du PIB.

Cette chute, la plus forte depuis 1974 et le choc pétrolier, avait contraint le gouvernement à reconnaître que le pays n’échapperait pas à la récession cette année, à l’instar de ses voisins.

Sa nouvelle prévision, intégrée dans le projet de loi de finances rectificative qui sera présentée mercredi en conseil des ministres, fait état d’un recul du PIB de 1,5% cette année.

C’est une drastique révision en baisse par rapport aux dernières hypothèses qui prévoyaient une croissance comprise entre “0,2% et 0,5%”.

Cette nouvelle prévision reste toutefois un peu plus optimiste que celle de la Commission européenne (-1,8%) ou du Fonds monétaire international (-1,9%).

Et pour 2010, la France table tout de même sur une croissance “comprise entre 0,5% et 1%”.

“Depuis un an, nous vivons de fortes incertitudes. Tant d’éléments nous échappent qu’il est extrêmement difficile de faire des prévisions”, prévient le président de la commission des Finances du Sénat, Jean Arthuis (Union Centriste).

Un rebond de la consommation de 1,8% en janvier a conforté le gouvernement dans sa stratégie d’une relance ciblée essentiellement sur l’investissement.

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évrier 2009 à l’Elysée (Photo : Gerard Cerles)

Le reflux de l’inflation, attendue à seulement +0,4% en 2009, pourrait contribuer à soutenir un peu le pouvoir d’achat des Français.

Mais l’ampleur du ralentissement économique est telle que l’explosion du chômage ne fait plus de doute.

La France s’attend désormais à “plus de 300.000 destructions d’emplois” en 2009 avant une “normalisation” en 2010 avec un nombre de “destructions d’emplois limité à quelques milliers”.

“Ce chiffre est cohérent avec les destructions enregistrées au quatrième trimestre 2008” (89.000), indique-t-on dans l’entourage de la ministre de l’Economie, Christine Lagarde.

Chute de l’activité et hausse du chômage vont aussi peser sur les comptes publics du pays.

Selon le cabinet du ministre du Budget, Eric Woerth, le seul déficit de l’Etat devrait dépasser 100 milliards d’euros cette année, ce qui équivaut à plus de 5,2% du PIB.

A cela s’ajouteront les déficits de la Sécurité sociale et des collectivités territoriales, creusant encore le déficit public, qui devrait flirter avec 5,5% du PIB, un chiffre comparable aux dernières prévisions de la Commission européenne (5,4% du PIB).

“Il y a un niveau de déficit et d’endettement qui devient insupportable”, a estimé lundi le rapporteur général du Budget à l’Assemblée nationale Gilles Carrez (UMP) sur la radio BFM.

“Je souhaite que le collectif soit exhaustif, qu’on fasse l’inventaire de tout ce qui a été promis au cours des dernières semaines, qu’il s’agisse du sommet social, des Antilles, du chômage, des entreprises, de la tempête: qu’on fasse la somme et qu’on regarde en face comment on finance”, a-t-il ajouté.

Bruxelles a enclenché la semaine dernière une procédure pour déficits excessifs contre Paris, aux côtés de cinq autres pays européens, pour le dérapage de leurs comptes publics au-delà de la limite de 3% du PIB tolérée par le Pacte de stabilité européen.

Un coup de semonce jugé malvenu par la France, au moment où la crise impose de dépenser plus.