ésident de General Motors Europe, Carl-Peter Forster, le 2 mars 2009 à Berlin (Photo : Axel Schmidt) |
[02/03/2009 13:31:54] FRANCFORT, Allemagne (AFP) Opel, simple filiale de General Motors, a tenté lundi de convaincre l’Etat allemand qu’il peut se transformer en constructeur autonome et viable qui mérite d’être sauvé à coups de milliards, sans grand succès pour le moment.
Ses dirigeants étaient à Berlin pour plaider leur cause auprès du ministre de l’Economie, Karl-Theodor zu Guttenberg, et lui présenter leur plan de sauvetage qui prévoit notamment l’octroi de 3,3 milliards d’euros d’aides publiques.
Mais peine perdue pour l’instant: le gouvernement continue d’afficher ses réticences. “Il y a encore des questions ouvertes”, a jugé le ministre à l’issue de la réunion.
Berlin va “examiner soigneusement le projet”, et continuer à mener des discussions, y compris avec le gouvernement américain, a-t-il ajouté. Le ministre conservateur doit se rendre dans deux semaines aux Etats-Unis.
Le plan de sauvetage, adopté vendredi par le conseil de surveillance d’Opel, prévoit davantage d’autonomie vis-à-vis de la maison mère de Detroit.
Il s’agit d’une condition sine qua non posée par Berlin à son soutien financier, le gouvernement craignant que son aide éventuelle ne parte aux Etats-Unis renflouer GM en pleine déroute.
Car si Opel est toujours considéré comme une marque allemande, figurant au patrimoine industriel du pays depuis le XIXe siècle, le constructeur des petites Corsa appartient à GM depuis 80 ans et la crise de 1929.
Le logo d’Opel (Photo : Jens-Ulrich Koch) |
Opel est “très fortement intégré à GM”, admet un de ses porte-parole interrogé par l’AFP. Le constructeur est une filiale à 100% de GM et il ne publie pas de bilan séparé, rappelle-t-il.
Selon certains membres du puissant syndicat IG Metall, Opel n’a même pas de compte bancaire. Faux, rétorque le porte-parole d’Opel. “Bien sûr qu’Opel a ses comptes, mais il est vrai qu’il se refinance complètement via GM”, admet-il.
Parallèlement, selon la presse, GM aurait dépossédé Opel, il y a deux ans, de ses brevets en les plaçant tous dans une filiale basée aux Etats-Unis, GM GTO, et obligeant l’allemand à payer un droit de licence pour ses propres véhicules.
Officiellement, Opel ne commente pas, le porte-parole se contentant d’indiquer que le constructeur “a un accès total aux brevets”, sans préciser s’il le paie ou non.
Or, l’enjeu est énorme: sur les trois grands centres de recherche et développement de GM dans le monde, celui de Rüsselsheim (ouest), avec ses 6.500 salariés, est chargé de travailler sur les véhicules de petite et moyenne gamme pour l’ensemble du groupe. Or ce segment est jugé bien plus porteur à l’avenir que les gros modèles de GM, plus polluants et plus coûteux.
Opel est aussi en pointe au sein de GM pour les voitures écologiques. Ainsi, le constructeur va présenter au salon de Genève cette semaine son premier modèle de voiture électrique, l’Ampera. “C’est une voiture Opel”, explique le porte-parole, qui rappelle que le projet voitures électriques de GM, basé aux Etats-Unis, est dirigé par “un ingénieur de Rüsselsheim”.
Toutes ces imbrications réciproques rendent impossible une rupture totale entre GM et Opel, admettent direction et syndicalistes. D’autant que seul, Opel est trop petit pour survivre, selon Albrecht Denninghoff, analyste de BHF-Bank, interrogé par l’AFP. “Il peut y avoir une séparation légale, pour avoir les subventions”, mais pas plus, selon lui.
Reste à trouver une forme juridique valable et à négocier les conditions de l’autonomie d’Opel dans les prochaines semaines. En Allemagne, près de 26.000 emplois sont en jeu, sans compter les usines en Belgique, en Grande-Bretagne et en Espagne notamment.