Le plan de sauvetage de l’Est se heurte aussi à des résistances en Hongrie

photo_1236003772205-1-1.jpg
ôté de son homologue tchèque Mirek Topolanek le 1er mars 2009 à Bruxelles (Photo : John Thys)

[02/03/2009 14:32:57] BUDAPEST (AFP) Les propositions du Premier ministre socialiste hongrois Ferenc Gyurcsany d’un plan d’aide de 190 milliards d’euros pour l’Europe de l’Est n’ont pas été retenues par le sommet de l’UE à Bruxelles et se heurtent aussi aux réticences dans son pays.

Malgré le spectre d’un nouveau “Rideau de fer” économique agité par le chef du gouvernement hongrois à Bruxelles, ses partenaires européens ont préféré s’en tenir à une promesse d’aide au cas par cas si jamais les nouveaux membres de l’Est devaient s’enfoncer dans la crise.

De même, l’idée de Budapest de réduire la durée du passage obligée de deux ans actuellement pour les pays candidats à l’euro dans “l’antichambre de l’euro”, le système de change ERM2, n’a pas trouver de consensus au sein des 27.

“Gyurcsany est resté seul” avec ses propositions, qui n’ont même pas reçu l’aval des pays comme la République tchèque, la Bulgarie ou la Slovaquie, souligne lundi l’éditorial du Magyar Nemzet (droite) tout en rappelant que le Premier ministre, qui réclame aujourd’hui des fonds européens, avait lui-même “gaspillé l’argent” au début de son mandat, allusion au déficit public record de 9,2% du PIB en 2006.

Le ministre des finances Janos Veres, intervenant lundi à la télévision nationale, a une nouvelle fois défendu l’idée d’une “accélération de la procédure d’adhésion à la monnaie unique” insistant sur le fait que la Hongrie “ne veut pas assouplir les critères de Maastricht” incluant notamment un déficit et une inflation minimum.

L’économiste hongrois Tamas Bauer a critiqué cette proposition dans les colonnes du journal Népszava, pourtant traditionnellement proche de M. Gyurcsany.

“L’élargissement accélérée de la zone euro affaiblirait la zone entière”, selon l’économiste qui ajoute que “les pays de la zone actuelle peuvent choisir entre deux options et se demander ce qui est plus dangereux: laisser la Hongrie, la Pologne et la Roumanie dehors, ou de les laisser entrer plus tôt?”

Massivement aidée par une bouée de 20 milliards d’euros, fruit d’un effort concerté du Fonds monétaire international (FMI), de la Banque mondiale (BM) et de l’UE, la Hongrie bénéficiera aussi des 24,5 milliards d’euros pour l’Europe de l’Est débloqués la semaine dernière par la Banque européenne d’Investissement et celle pour la reconstruction BERD et la BM.

Dans la foulée de la première aide internationale, surtout destinée à soutenir la devise nationale le Forint, M. Gyurcsany avait présenté une vaste réforme fiscale et budgétaire pour relancer l’économie hongroise.

Mais cela n’a pas servi à restaurer la confiance. Le Forint continue de perdre de la valeur. Lundi, il campait à nouveau nettement au-dessus de 300 forints pour un euro à 306,25 HUF/EUR contre 298 HUF/EUR vendredi soir. Mais le refus d’un plan global pour l’Europe de l’Est au sommet de Bruxelles a également pesé sur le zloty polonais qui a reculé de 2,5% et la couronne tchèque de 0,5% face à l’euro lundi.

De même, l’indice de confiance des consommateurs et des entreprises hongrois calculé par l’institut GKI a chuté en février, pour le cinquième mois consécutif à son niveau historique le plus bas, selon les chiffres publiés lundi.

Et ni les entreprises ni les consommateurs n’ont indiqué s’attendre à ce que l’économie hongroise s’améliore dans les trois mois à venir.

Pour mener ses réformes à terme, le Premier ministre aura besoin au parlement du soutien d’au moins un des trois partis de l’opposition. Le parti Fidesz, conservateur, pense que ces mesures vont dans la mauvaise direction et préfère baisser les impôts, les deux autres formation (la droite et les libéraux) estiment que la direction est bonne mais qu’il ne va pas assez loin ni assez vite.