évrier 2009 à la table des négociations à Pointe-à-Pitre (Photo : Lionel Bonaventure) |
[02/03/2009 20:02:22] PARIS (AFP) Le président du Medef en Guadeloupe Willy Angèle a estimé lundi que les dépôts de bilan d’entreprises guadeloupéennes, après la grève, devraient “se traduire par 10.000 à 14.000 suppressions d’emplois” et craint un taux de chômage à “plus de 30%” dans l’île.
Dénonçant les “méthodes musclées” du LKP, le collectif intersyndical mené par Elie Domota, M. Angèle affirme, dans un entretien au Parisien-Aujourd’hui en France, qu'”il n’y a pas eu de grève générale” en Guadeloupe mais “une fermeture par la force des entreprises”. Selon lui, “80 à 90 % des salariés ne faisaient pas grève”.
“Les dépôts de bilan de nombreuses entreprises devraient se traduire par 10.000 à 14.000 suppressions d’emplois”, déclare-t-il, en redoutant que “le taux de chômage ne passe de 23% à plus de 30%”.
Selon une note réalisée pour le Medef-Guadeloupe par le cabinet “Jean Fournier consultant et partners”, dont l’AFP a pu se procurer copie lundi, “la destruction nette d?emplois pour l?année 2009, tous secteurs confondus, s?évalue près de 17.000 personnes, soit une progression de 17,5 %”.
Le nombre de demandeurs d’emploi pourrait passer de “40.000 soit 23,5 % de la population active” au 1er janvier, à “57.000 soit 33,5 % de la population active” fin 2009.
Selon cette note de cinq pages, établie il y a deux semaines et intitulée “Analyse des risques sociaux et financiers à la suite du conflit en Guadeloupe et de la crise économique mondiale: premiers éléments d’études et premières tendances de fond”, plus de 900 entreprises pourraient être mises en redressement judiciaire et 543 en liquidation.
L’auteur indique s’être fondé sur “le principe de l?arrêt rapide du conflit”, sans prendre en compte “les aides éventuelles de la puissance publique pour assister les entreprises dans le redémarrage”.
La note évalue à “718 millions d?euros pour 2009” les pertes de valeur ajoutée des entreprises guadeloupéennes. Cette somme “résulte du cumul des pertes estimées conséquentes à la crise économique mondiale et à la suite de l?arrêt quasi-total de l?activité économique pendant un mois”.
Dans son entretien au Parisien, le président du Medef-Guadeloupe, qui n’a pas signé l’accord entre le LKP et une minorité du patronat local, avertit qu’il sera “très difficile pour les entreprises de prendre l’engagement de se substituer au bout de deux ans aux primes de l’Etat et des collectivités locales” pour assurer les 200 euros d’augmentation des bas salaires prévus.
L’accord Bino (du nom du syndicaliste guadeloupéen tué sur un barrage) prévoit que la première année, l’Etat versera 100 euros par salarié jusqu’à 1,4 SMIC, les collectivités locales 50 et le patronat 50. Au bout de deux ou trois ans les entreprises prendraient entièrement à leur charge les 200 euros.