Version rectifiée du budget en conseil des ministres avec un déficit de 100 mds

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çois Fillon le 3 mars 2009 à l’Assemblée nationale (Photo : Joel Saget)

[04/03/2009 06:33:22] PARIS (AFP) Une nouvelle version rectifiée du budget va être présentée mercredi en Conseil des ministres pour tenir compte de l’impact de la crise sur les finances de l’Etat, grevées par le plan de relance et la baisse des recettes fiscales, avec un déficit record de plus de 100 milliards d’euros.

Quatrième projet de loi de finances rectificatives depuis septembre, ce “collectif budgétaire” va intégrer un recul de 1,5% du Produit intérieur brut (PIB) français cette année, selon les dernières prévisions de Bercy.

A l’instar de ses voisins, la France va donc plonger dans la récession pour la première fois depuis 1993.

Quant au déficit de l’Etat, il pourrait dépasser le chiffre record de 100 milliards d’euros, le double de ce que prévoyait initialement le budget 2009 (52 milliards), selon le ministère du Budget.

A cela s’ajouteront les déficits de la Sécurité sociale, attendus autour de 15 milliards d’euros, et des collectivités locales, creusant encore le déficit public qui devrait flirter avec 5,5% du PIB. Mardi matin, le Premier ministre François Fillon a confirmé que le déficit dépasserait sans doute 5% en 2009.

Cette aggravation s’explique par “20 milliards d’euros qui correspondent à des recettes en moins, c’est-à-dire des impôts qui ne rentrent pas du fait de la crise et 30 milliards d’euros qui correspondent aux dépenses de relance”, a-t-il détaillé.

En novembre, le gouvernement tablait encore sur une croissance comprise entre 0,2% et 0,5% cette année. Or “1% de PIB de croissance en moins équivaut à 0,5% de PIB de déficit en plus”, du fait de moindres recettes fiscales, souligne-t-on au ministère du Budget.

Le déficit est aussi creusé par le plan de relance de 26 milliards d’euros et par les mesures sociales annoncées en février, comme la suppression des deux tiers provisionnels de l’impôt sur le revenu pour 6 millions de foyers, financée en partie par les intérêts versés par les banques, le reste par l’Etat et la Sécurité sociale.

S’y ajoutent les 6,5 milliards de prêts au secteur automobile, ainsi que les aides à la filière bois et à la presse, étalées sur deux ans.

Alors que la France a été épinglée par Bruxelles la semaine dernière pour le dérapage de ses comptes publics au-delà de la limite de 3% du PIB tolérée par le Pacte de stabilité européen, “l’horizon de l’équilibre budgétaire s’éloigne”, a reconnu François Fillon. Une perspective qui inquiète même à droite: “Il y a un niveau de déficit et d’endettement qui devient insupportable”, a ainsi estimé le rapporteur général du Budget à l’Assemblée nationale Gilles Carrez (UMP).

La France a renoncé depuis six mois déjà à son engagement de revenir à un déficit zéro au plus tard en 2012. “La France, comme l’Allemagne, sont déterminées à faire en 2009 et en 2010 de la dépense publique, sans pour autant remettre en cause notre objectif de moyen terme de restaurer les finances publiques de nos pays respectifs”, a d’ailleurs confirmé mardi la ministre de l’Economie, Christine Lagarde.

François Fillon souhaite toutefois “concevoir une trajectoire des finances publiques qui nous ramène à un déficit en dessous de 3% en 2012”. Un objectif qu’il entend atteindre en continuant à réduire toutes les dépenses qui n’entrent pas dans le cadre de la relance.

Le Premier ministre a ainsi de nouveau rejeté l’hypothèse d’un second plan de relance, réclamé par l’opposition, arguant qu’une telle mesure alourdirait encore l’endettement de la France.