à Coquelles le 13 juillet 2006 (Photo : Denis Charlet) |
[04/03/2009 14:11:24] PARIS (AFP) Eurotunnel versera cette année pour la première fois de son histoire agitée un dividende à ses actionnaires, après des années de déboires financiers qui avaient mené l’exploitant du tunnel sous la Manche au bord de la faillite.
“La distribution d’un dividende marque la fin d’une épopée financière”, a commenté mercredi son PDG Jacques Gounon, en présentant les comptes 2008, bénéficiaires malgré l’incendie dans le tunnel qui avait freiné le trafic entre septembre et début février.
Les quelque 400.000 actionnaires, dont environ la moitié de petits porteurs, n’avaient jamais touché un centime depuis la création de l’entreprise en 1986. Grâce au bénéfice net de 40 millions d’euros dégagé en 2008, Eurotunnel leur distribuera un dividende de 4 centimes par action.
Ce dividende, certes limité, leur sera proposé lors de l’assemblée générale le 6 mai à Coquelles (Pas-de-Calais), date de l’inauguration il y a quinze ans du tunnel, un geste symbolique voulu par Jacques Gounon.
“C’est une excellente nouvelle qui met un petit rayon de soleil dans le paysage boursier actuel”, s’est félicitée Colette Neuville, présidente de l’association de défense des actionnaires minoritaires (Adam) et administratrice d’Eurotunnel.
“Certes, 4 centimes, ce n’est pas beaucoup, mais la plupart des actionnaires détiennent plusieurs centaines d’actions”, a-t-elle expliqué. Selon Eurotunnel, un actionnaire détient en moyenne 902 actions.
Des centaines de milliers de petits porteurs — en grande majorité français, mais aussi britanniques –, s’étaient rués en novembre 1987 sur des actions Eurotunnel, attirés par ce que l’on présentait alors comme un placement de “père de famille”.
écembre 2008 à Coquelles (Photo : Philippe Huguen) |
A partir de 1994, l’année de l’ouverture du tunnel, l’action a cependant entamé une longue descente aux enfers, plombée par la dette astronomique du groupe et des prévisions de trafic inatteignables.
Après une rude bataille opposant actionnaires et banques créancières, une restructuration financière radicale a été finalisée en 2007, permettant de faire passer la dette de plus de 9 milliards d’euros à moins de 4 milliards aujourd’hui.
L’annonce du dividende a été saluée à la Bourse de Paris, où le titre s’envolait de 18,57% à 3,32 euros vers 14H00 (13H00 GMT).
Après avoir essuyé perte sur perte, Eurotunnel avait amorcé un timide redressement en 2007, annonçant pour la première fois un bénéfice d’un million d’euros.
Les comptes de 2008 ont bénéficié d’un coup de pouce des assurances qui ont versé à Eurotunnel une première avance de 44 millions d’euros au titre des pertes d’exploitation liées à l’incendie. Les négociations continuent pour “obtenir un complément d’indemnisation”, a précisé M. Gounon.
Le résultat net intègre aussi l’indemnité de 24 millions d’euros accordée par l’Etat français, à la suite des perturbations causées par les intrusions de migrants clandestins entre 2000 et 2002 (contentieux de Sangatte).
Quant aux perspectives pour 2009, M. Gounon s’est montré peu inquiet des effets de la crise financière. Le trafic des navettes passagers (voitures embarquées sur des trains) n’a pas fléchi en février, se situant “au même niveau que l’an dernier”.
Mais le trafic des camions continue à être en baisse (-46%). Pour le PDG d’Eurotunnel, il s’agit de “récupérer le plus vite possible nos clients”, les transporteurs routiers, “qui sont partis à la concurrence”.