Une nouvelle loi sur la rationalisation de la consommation
d’énergie a été promulguée, le 9 février 2009. Cette loi vient récompenser ceux
qui économisent de l’énergie, responsabiliser l’administration (lors de l’octroi
d’agréments), sanctionner les entreprises et services énergivores qui ne se
soumettent pas à la réglementation en vigueur et renforcer le contrôle.
En attendant les textes d’application -espérons qu’ils seront
aussi fermes que l’esprit de cette loi. L’administration a, en effet, mis du
temps avant d’imposer par le biais d’une loi une discipline aux promoteurs de
projets énergivores et aux collectivités locales qui étaient, il faut l’avouer,
peu regardantes sur les spécifications techniques du bâti.
Pour mémoire, les pouvoirs publics ont pris conscience de l’enjeu de la
rationalisation de la consommation d’énergie, il y a plus de 25 ans. L’Agence
nationale de maîtrise de l’énergie (ANME) a été créée en 1985.
Pourtant, depuis, les grands projets énergivores ont proliféré, bâtiments
publics flambants neufs garnis de vitres (nouveau siège du ministère de
l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de la Technologie, banques) ou
encore des villes entières particulièrement énergivores (quartiers chics des
berges du lac nord de Tunis….) ont été réalisées, durant cette longue prise de
conscience.
C’est seulement sous la pression de contraintes désagréables générées par la
flambée du prix des hydrocarbures, depuis plus de six ans, qu’une telle loi a
été promulguée.
Pis, cette loi pèche par le fait qu’elle épargne le premier secteur
énergivore dans le pays, en l’occurrence le transport. L’incitation à
l’utilisation de la voiture particulière pour le transport de personnes a
beaucoup aggravé, ces dernières années, la facture énergétique. Le transport en
commun en Tunisie ne représente que 40% du transport des voyageurs contre de
forts taux ailleurs (80% en Egypte, 65% en France…).
La loi contourne également le problème de la “fonction publique énergivore”.
Dans ce tableau peu reluisant de la problématique énergétique dans le pays, deux
tendances heureuses ont émergé dans le sillage de la flambée du cours du
pétrole.
La première est à l’actif des ménages qui ont développé des comportements
pérennes d’économie d’énergie. Ces mêmes ménages qui ont, pourtant, subi de
plein fouet, en l’espace de quatre ans (2004-2008) les effets pervers d’une
dizaine d’ajustements du prix du carburant.
Le ministre de l’Industrie, de l’Energie et des PME, M. Afif Chelbi, n’a pas
manqué d’accorder à ces ménages un satisfecit bien mérité. Le ministre a mis en
exergue, lors d’un récent point de presse, les efforts déployés par les ménages
tunisiens dans le domaine d’économie d’énergie et leur appui aux actions menées
par l’Etat dans ce domaine.
«Les ménages tunisiens ont investi, dans ce cadre, 135 millions de dinars
dont 44 millions de dinars pour l’acquisition de lampes économiques (lampes à
basse consommation – LBC) au cours de la période de 2005-2008», a-t-il dit avant
d’ajouter : «l’acquisition des lampes économiques (5,2 millions de lampes) a
permis de couvrir 65% des points lumineux dans les logements, relevant que
l’objectif de cette démarche est d’écouler 8 millions de lampes, d’ici 2011».
Ces investissements additionnés à ceux mobilisés, à la même fin, par les
entreprises ont permis d’économiser 2,2 millions de tonnes équivalent pétrole
(TEP).
La deuxième tendance est à l’actif des pouvoirs publics qui ont décidé de
construire, à Skhira, une seconde raffinerie, afin d’assurer l’indépendance de
l’approvisionnement du pays en produits pétroliers. Le ministre a été rassurant
à ce sujet. En dépit du recul du prix du baril, le projet de réalisation de la
station de raffinage à Skhira sera mis en œuvre dans les délais prévus. Les
études relatives à ce projet seront parachevées d’ici la fin du premier
trimestre de 2009, date du démarrage des travaux de réalisation. Dont Acte.
Par-delà les limites de cette législation, force est de reconnaître que la
marge de manœuvre en matière d’économie d’énergie est beaucoup plus grande qu’on
ne le pense. L’essentiel ici est de respecter cette règle de base majeure : les
sacrifices à consentir ne valent que s’ils sont partagés par tous.