[06/03/2009 19:56:51] WASHINGTON (AFP)
ômeurs font la queue devant une agence pour l’emploi à New York le 6 mars 2009 (Photo : Timothy A. Clary) |
Les Etats-Unis ont connu un nouveau mois terrible pour l’emploi en février, après deux autres catastrophiques, faisant monter le chômage à 8,1%, son plus haut niveau depuis 25 ans, sans perspective d’amélioration à court terme.
Selon les chiffres corrigés des variations saisonnières publiés vendredi par le département du Travail, 651.000 emplois ont été détruits en février, ce qui était conforme aux attentes des analystes.
Mais le ministère a revu en forte hausse son estimation du nombre des postes détruits au cours des deux mois précédents: 655.000 en janvier (au lieu des 598.000 annoncés), et 681.000 en décembre (au lieu de 577.000), ce qui en fait le mois le plus noir pour l’emploi aux Etats-Unis depuis octobre 1949.
Pour spectaculaires qu’ils paraissent, ces chiffres ne sont pas un record: les suppressions d’emplois de décembre ont représenté 0,5% de la main-d’oeuvre employée, contre 1,9% en octobre 1949.
Néanmoins, elles s’accumulent, et, selon les données du ministère, au bout de 15 mois de récession, la part de la main-d’oeuvre ayant perdu son emploi est désormais supérieure à celle des 15 premiers mois de la récession de 1981-1982. Cette dure récession s’était d’ailleurs arrêtée au bout de 16 mois, alors que l’actuelle ne paraît pas devoir s’achever avant des mois.
ômage aux Etats-Unis sur un an (Photo : null) |
“Depuis le début de la récession en décembre 2007, les pertes d’emplois ont atteint 4,4 millions, dont bien plus de la moitié a eu lieu au cours des quatre derniers mois”, écrit le ministère.
Jugeant ce chiffre “effarant”, le président américain Barack Obama a promis de continuer à agir pour sortir l’économie de la crise.
Des millions d’Américains vivent à présent dans la crainte d’être les prochains à perdre leur travail, et “ce n’est pas un avenir que j’accepte pour les Etats-Unis d’Amérique”, a-t-il dit.
Mais les choses devraient encore aller “plus mal avant qu’elles n’aillent mieux”, a rappelé Christina Romer, sa conseillère économique, en qualifiant d'”atroces” les chiffres du ministère.
Pour Marie-Pierre Ripert, économiste de Natixis, la tendance de hausse du chômage “est loin d’être terminée”, et le taux devrait continuer à monter en 2010.
A 8,1%, le taux de chômage est désormais au plus haut niveau depuis décembre 1983. Certains économistes le voient à 9 voire 10% d’ici à la fin de l’année.
Tous les secteurs de l’économie sont frappés, à l’exception notable de celui de l’éducation et des soins de santé (comme depuis plusieurs mois) et du secteur public.
ésident américain Barack Obama le 5 mars 2009 à Washington (Photo : Jim Watson) |
Sinistré depuis plus de deux ans, l’industrie américaine a perdu 276.000 emplois en février.
Le secteur tertiaire, qui emploie près de 85% de la main-d’oeuvre non agricole, a intensifié ses pertes, supprimant 375.000 postes de travail, après 276.000 en janvier.
Le nombre des chômeurs aux Etats-Unis atteint désormais 12,5 millions, selon le décompte officiel du ministère. A cela s’ajoutent près de 5,6 millions de personnes disant vouloir trouver un emploi mais non comptabilisées dans la population active pour diverses raisons.
Et 8,6 millions de personnes sont contraintes de travailler à temps partiel contre leur gré du fait de la conjoncture économique, soit environ 4 millions de plus qu’en décembre 2007.
En tenant compte de ces situations, on obtient un taux de chômage “réel” de 14,8% en février, contre 13,9% en janvier, relève Nigel Gault, économiste de l’institut IHS Global Insight.