é de Pointe-a-Pitre le 14 février 2009 (Photo : Julien Tack) |
[06/03/2009 18:11:52] POINTE-A-PITRE(AFP) (AFP) “C’est comme si nous étions un peu KO debout”. Etranglées par 44 jours de grèves, les entreprises guadeloupéennes cherchent à éviter le dépôt de bilan.
Réunis au lendemain de la signature d’un accord appelant à la “reprise de l’activité normale” sur l’île, plus de 500 chefs d’entreprises ont partagé jeudi leur désarroi avec Colette Koury, présidente de la Chambre de commerce de l’industrie (CCI).
L’heure est à la “gueule de bois”, résume-t-elle.
Privés de recettes depuis sept semaines, de plus en plus fermement incités à signer l’accord “Jacques Bino” augmentant de 200 euros les bas salaires, dont le ministère du travail a finalement annoncé vendredi l’extension, et sollicités pour le paiement des jours de grève, les patrons guadeloupéens se disent au pied du mur.
L’accord “Bino”, que le Medef en particulier n’avait pas ratifié, “c’est l’accord bingo pour les employés, et l’accord fiasco pour les entreprises”, lâche, excédé, Ivan de Dieuleveult, PDG de la sucrerie Gardel. Son usine du Moule (est) est toujours occupée.
Selon lui, l’application de l’accord à son entreprise, déjà déficitaire, “va précipiter la chute”.
Il est toutefois trop tôt pour chiffrer les dégâts. Pour des raisons de procédure, le tribunal de commerce de Pointe-à-Pitre (Guadeloupe) ne s’attend pas à enregistrer “avant une semaine ou deux” les premiers dépôts de bilan post-conflit.
égociations entre le “collectif contre l’exploitation”, entre l’Etat et le patronat le 24 février 2009 à Pointe-à-Pitre (Photo : Lionel Bonaventure) |
Mais cinq dossiers ont été déposés “entre le 20 janvier (début de la grève) et aujourd’hui”, expliquait jeudi Christophe Auger, vice-procureur chargé des affaires financières.
Sans attendre, une riposte s’esquisse. Pour permettre aux commerce saccagés lors des deux nuits d’émeutes, de bénéficier plus simplement des assurances, le maire DVG de Pointe-à-Pitre, Jacques Bangou, a demandé que sa commune “soit considéré comme ville sinistrée, un peu comme après le passage d’un ouragan”.
Le fisc a par ailleurs annoncé qu’il appliquerait un moratoire sur ses créances. “Toutes les échéances qui vont tomber du 1er janvier à fin avril seront reportées à partir du mois de juin sur un échéancier”, a annoncé le Trésorier payeur général, Bernard Cressot : “on va faire des plans sur 3 à 12 mois pour permettre aux entreprises de refaire leur trésorerie”.
La Région a également fait un geste: le chiffre d’affaires plafond pour bénéficier d’un prêt gratuit de 50.000 euros a été relevé de 300.000 à 2 millions d’euros.
Des lignes téléphoniques dédiées (fiscalité, juridique …) ont été ouvertes et les capacité d’accueil renforcées, notamment dans les banques.
Cette ébauche de dispositif de “sortie de crise” suffira-t-elle?
“Les reports d’échéances, c’est peut-être un peu juste”, juge M. Payeux, patron de Saint-Fraçois Publicité (10 employés – 1,4 million d’euros de chiffre d’affaires). “On nous avait parlé de reports plus étalés”. Il dit avoir perdu entre 150.000 et 200.000 euros
Julien, patron de plusieurs magasins de prêt-à-porter, qui a souhaité conserver l’anonymat, juge “très sympa” le prêt gratuit proposé par la Région “qui peut nous faire sortir un peu de l’eau”.
Un enthousiasme que ne partage pas, M. Ingadassamy, patron d’une petite entreprise de travaux publics (Alizée BTP – 11 employés, dont 5 en chômage partiel). “Je ne sens pas quelque chose de volontaire” surtout dans les banques, où il déplore le du règne du “copinage” et de la “profitation”.