ère de l’Economie et des Finances, à Paris en 2005 (Photo : Jack Guez) |
[07/03/2009 09:45:55] PARIS (AFP) La France devrait pouvoir financer sans difficulté à court terme sa dette qui va s’envoler dès cette année à 74% du PIB à cause de la crise, mais le casse-tête du remboursement même de ses seuls intérêts reste entier.
Baisse des recettes et lancement du plan de relance économique ont contraint le gouvernement à revoir sa copie sur le budget 2009: selon la version rectifiée présentée mercredi, le déficit de l’Etat devrait atteindre le chiffre record de 103,8 milliards, contre 52 milliards d’euros prévus initialement.
Dans ces conditions, la dette publique de la France va grimper dangereusement. Elle devrait monter à 73,9% du PIB en 2009, contre 66% attendus auparavant, et continuer de s’envoler pour se situer “aux environs de 77-78% du PIB en 2010-2011”, selon les dernières prévisions officielles. Bien loin de la limite de 60% préconisée par Bruxelles.
Une perspective qui inquiète même à droite: “Il y a un niveau de déficit et d’endettement qui devient insupportable”, estimait dernièrement le rapporteur général du Budget à l’Assemblée nationale Gilles Carrez (UMP).
Selon un sondage Ifop pour le journal “Le cri du contribuable”, près de huit Français sur dix se disent également préoccupés du niveau du déficit et de la dette et 60% d’entre eux estiment que la France doit coûte que coûte éviter d?accroître son endettement malgré la récession.
Pour financer ce dernier, l’Agence France Trésor (AFT), en charge de la gestion de la dette de l’Etat, a annoncé qu’elle revoyait à la hausse son programme d’emprunt pour 2009 sur les marchés obligataires, à hauteur de 17 milliards d’euros supplémentaires.
Son directeur général Philippe Mills a assuré que “le marché devrait aisément absorber la dette supplémentaire en 2009”.
“Il n’y a strictement aucun risque” que la France ne soit pas capable de se financer sur les marchés “compte tenu de la qualité de crédit” du pays, estime pour sa part Cyril Regnat, stratégiste obligataire chez Natixis.
La France bénéficie en effet de la note maximale (“AAA”) sur sa dette à long terme de la part des trois agences de notation, ce qui lui permet d’emprunter sur le marché à des taux relativement bas.
Et la ministre de l’Economie Christine Lagarde a affirmé faire “tout ce qui est nécessaire et possible pour maintenir la signature de la France, pour maintenir la notation triple A et pour bénéficier au maximum des baisses de taux d’intérêt qu’on constate actuellement”.
Certains économistes mettent toutefois en garde sur les risques que ces emprunts supplémentaires font peser à long terme.
La charge des intérêts de la dette devrait représenter en 2009 43 milliards d’euros, ce qui en fait le troisième poste dans le budget, après l’Education nationale et la Défense.
“Le supplément de déficit” prévu en 2009 va occasionner “200 ou 300 millions de plus sur la charge de la dette”, mais “c’est absorbé par la baisse des taux (d’intérêt) et la baisse de l’inflation” (prévue désormais à 0,4% en 2009, ndlr), a expliqué le ministre du Budget Eric Woerth.
Mais “si la dette explose au-delà de 75% du PIB, les seuls intérêts de la dette pèseront pour 3,5% à 4% du PIB, gonflant la dette d’année en année”, prévient Karine Berger, directrice des études chez Euler Hermes SFAC.
Cela va demander des “effort colossaux” à l’Etat “en terme de maîtrise des dépenses et de prélèvement des recettes à moins d?augmenter la pression fiscale”, ajoute Jean-Christophe Caffet, économiste chez Natixis. Et le service de la dette va devenir “un poste de plus en plus important dans le budget”.