BNP Paribas s’accroche à Fortis pour conforter son statut de géant européen

[07/03/2009 17:46:33] PARIS (AFP)

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Combinaison des logos de BNP Paribas et Fortis

BNP Paribas s’accroche à son projet de racheter Fortis, soucieuse de ne pas laisser passer une opportunité unique de devenir la première banque de la zone euro en terme de dépôts malgré l’hostilité des actionnaires de la première banque belge et l’aggravation de ses pertes.

A l’issue d’un nième tour de table, BNP Paribas a obtenu dans la nuit de vendredi à samedi un accord – le quatrième – avec le gouvernement belge pour lui racheter 75% de Fortis Banque et 25% de Fortis Assurance. L’opération devrait lui coûter 12,3 milliards d’euros, payables en grande partie en titres. Si elle aboutit, BNP Paribas verrait donc l’Etat belge devenir son premier actionnaire.

Initialement conclu début octobre, au plus fort de la crise financière, l’accord s’est heurté au veto des actionnaires de Fortis à la mi-février, malgré les concessions faites entre-temps par la banque française.

Le nouveau compromis devra d’ailleurs être approuvé par la même assemblée générale qui avait voté “non” à une très courte majorité.

Pourtant, en dépit de l’incertitude entourant ce dossier, qui a fortement pesé sur son cours de Bourse, BNP Paribas n’a pas abandonné la partie, l’opération continuant à présenter un grand intérêt stratégique.

En premier lieu, elle ouvrirait à la banque française, déjà numéro trois en Europe en termes de capitalisation boursière, la porte de deux riches marchés européens, la Belgique et le Luxembourg, en plus de la France et de l’Italie.

Autre atout majeur en cette période où les liquidités sont rares et chères: un socle de dépôts porté à 580 milliards d’euros qui devrait faire du nouveau groupe, d’après BNP Paribas, le premier de la zone euro par ce critère. Mais ce chiffre ne tient pas compte de la fuite de capitaux constatée ces derniers mois chez Fortis.

Malgré son grand intérêt pour ce dossier, BNP Paribas a négocié âprement, soucieuse des risques que la banque belge pouvait faire peser sur sa propre sécurité et consciente que l’Etat belge ne pouvait se permettre de garder un établissement dont le bilan représentait deux fois et demi le PIB du pays.

L’annonce jeudi par Fortis qu’elle devrait enregistrer un milliard de pertes supplémentaires au 4e trimestre, en plus des 5 milliards déjà annoncés, a poussé BNP Paribas à demander encore plus de garanties à l’Etat belge.

D’autant que la banque française, rattrapée par la crise à l’automne, dispose d’une marge financière moindre qu’en octobre.

Accusée de se montrer trop gourmande, au point que le gouvernement belge ne cachait pas son agacement, BNP Paribas a finalement obtenu une garantie publique de 1,5 milliard d’euros sur un portefeuille d’actifs à risque conservés par Fortis Banque et l’assurance que l’Etat belge renflouerait la banque si nécessaire pour un maximum de 2 milliards d’euros.

En échange, BNP Paribas a donné des assurances écrites sur les emplois et le maintien “d’un ou plusieurs centres de compétence européens ou mondiaux” en Belgique. Son directeur général Baudouin Prot a promis que si des réductions de personnel /bgdevaient avoir lieu, les départs naturels seraient privilégiés.