[07/03/2009 22:24:56] BRUXELLES (AFP)
à son arrivée le 6 mars 2009 au siège de BNP-Paribas à Bruxelles (Photo : Julien Warnand) |
Le rachat par BNP Paribas de la banque belge Fortis, qui a fait l’objet d’un nouvel accord samedi mais reste soumis à l’approbation de ses actionnaires, “se présente vraiment très bien”, a déclaré à l’AFP Baudouin Prot, le directeur général de la banque française.
Interrogé sur les chances que l’opération aboutisse, alors qu’une précédente assemblée générale des actionnaires de Fortis s’y était opposée à une courte majorité, M. Prot a répondu: “Cela se présente vraiment très bien, même si j’ai appris à être prudent sur ce dossier”.
Il a expliqué qu’une nouvelle “assemblée générale devrait se tenir le 8 et 9 avril” mais qu’à la différence de la précédente, “tous les actionnaires pourraient voter”. Le 11 février, “seuls les actionnaires historiques” le pouvaient, soit 22% du corps électoral, a-t-il rappelé.
“Tous les échos que j’ai me laissent à penser que l’on devrait avoir une très large majorité en faveur de l’opération”, a-t-il ajouté.
Le groupe français a conclu samedi un nouvel accord révisé avec l’Etat belge devant lui permettre de sauver son projet d’achat de la première banque du pays, , et par ce biais de devenir le numéro un de la zone euro dans son secteur.
Le compromis annoncé par le gouvernement belge a été scellé in extremis dans la nuit, après plusieurs jours de tractations, suivies avec appréhension par une population belge qui considère Fortis comme un symbole national. La banque reste un rouage essentiel de l’économie du pays malgré ses déboires suite à la crise financière.
Dans l’immédiat, l’accord permet à BNP Paribas de maintenir un d’achat stratégique qui paraissait menacé. Il doit permettre au groupe français, déjà numéro trois de la banque dans l’Union européenne, de devenir numéro un dans la zone euro pour les dépôts.
Combinaison des logos de BNP Paribas et Fortis |
L’Etat belge avait orchestré l’opération en octobre, dans le cadre du démantèlement de l’ancienne maison mère de la banque belge, la holding financière belgo-néerlandaise Fortis, frappée par la crise. Mais par un vote très serré le mois dernier, les actionnaires de la holding l’avaient remise en cause, obligeant BNP Paribas et l’Etat belge à revoir leur copie.
Le projet central est finalement confirmé: BNP Paribas doit racheter pour 14,5 milliards d’euros 75% de Fortis Banque à l’Etat belge, qui l’avait nationalisée à 100% début octobre, et devient le premier actionnaire du groupe français.
BNP Paribas va par ailleurs racheter 25% des activités d’assurances en Belgique, un compromis entre les 100% annoncés en octobre et les 10% prévus fin janvier.
BNP Paribas a obtenu des garanties supplémentaires si la situation de Fortis Banque se dégrade, un risque d’autant plus réel que la société vient de relever d’un bon milliard d’euros l’évaluation de sa perte nette pour le quatrième trimestre 2008.
Fortis Banque supportera elle-même les premières pertes éventuelles sur ses actifs à risque, à concurrence de 3,5 milliards d’euros, mais l’Etat belge garantira les 1,5 milliard d’euros suivants.
Et l’Etat est prêt à renflouer la banque si besoin dans les trois ans, pour au maximum 2 milliards d’euros, ce qui pourrait faire repasser sa participation au-dessus de 25%.
énéral de BNP Paribas, Baudouin Prot, le 5 novembre 2008 à Paris (Photo : Eric Piermont) |
BNP Paribas de son côté a donné des assurances écrites sur les emplois et le maintien “d’un ou plusieurs centres de compétence européens ou mondiaux” en Belgique, selon un communiqué du gouvernement belge. Toutefois, “un certain nombre d’ajustements seront nécessaires”, a reconnu à Bruxelles le directeur général de la banque française, Baudouin Prot.
Pour tenter de rassurer les petits actionnaires, l’accord révisé réduit enfin la part des actifs à risque restant à la charge de Fortis Holding.
Le Premier ministre belge, Herman Van Rompuy, a jugé l’accord “profitable aux épargnants, aux actionnaires, au personnel et à l’Etat”.
Cela n’a pas suffi à rassurer tous les petits actionnaires. L’un de leurs principaux représentants, l’avocat Me Modrikamen, a rejeté le nouveau compromis, estimant qu’il ne voyait “absolument rien de favorable pour les actionnaires”.
Le feuilleton Fortis, qui dure déjà depuis plus de cinq mois et a même fait tomber en décembre le Premier ministre belge précédent, Yves Leterme, soupçonné de pressions sur la justice pour qu’elle le valide un précédent plan de sauvetage, ne semble donc pas clos.
De multiples recours judiciaires ont été déposés, et surtout les actionnaires de Fortis holding vont devoir à nouveau voter sur l’accord révisé dans les prochaines semaines.