Les pays du secret bancaire veulent être entendus par le G20

[08/03/2009 20:01:40] LUXEMBOURG (AFP)

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ésor luxembourgeois (C) et ses homologues suisse (Gà et autrichien à Senningen le 8 mars 2009 (Photo : Jean-Christophe Verhaegen)

Trois des principaux principaux pays européens pratiquant le secret bancaire, la Suisse, le Luxembourg et l’Autriche ont mis en garde dimanche contre toute tentative du G20 de les placer sur une liste noire des paradis fiscaux, exigeant d’être associés à la discussion.

“Les débats au sujet du secret bancaire sont menés dans des enceintes dont nous ne faisons pas partie, comme par exemple le G20. Nous exigeons qu’on nous ouvre les portes de ces débats pour voir comment on va établir la liste des paradis fiscaux”, a déclaré le ministre luxembourgeois du Trésor, Luc Frieden.

Il s’exprimait lors d’une conférence de presse organisée à Luxembourg à l’occasion d’un “mini-sommet” avec les ministres des Finances suisse et autrichien, deux pays qui comme le Luxembourg pratiquent le secret bancaire et sont dans le collimateur de la communauté internationale.

“Nous regrettons que certains pays parlent d’oasis fiscaux, sans avoir mené de débats sur les critères définissant les paradis fiscaux”, a-t-il ajouté, critères qui selon les trois ministres ne sont pas remplis dans le cas de la Suisse, du Luxembourg et de l’Autriche.

“Notre objectif est de demander à être intégrés dans le processus d’établissement des listes noires” des paradis fiscaux, lui a fait écho le ministre suisse Hans-Rudolf Merz.

Les trois pays ont confirmé leur volonté de mieux aider à sanctionner la fraude fiscale. “Nous sommes prêts à dialoguer pour trouver des pistes communes afin de renforcer la lutte contre les délits fiscaux”, a dit M. Frieden.

Mais ils ont exclu d’abolir le secret bancaire, qui est à l’origine de la prospérité économique tout particulièrement de la Suisse et du Luxembourg. Dans le Grand Duché, les activités financières assuraient en 2007 plus d’un tiers des richesses du pays et près de la moitié des rentrées fiscales.

“Nous avons conclu que les trois pays doivent se retrouver ensemble pour préserver la sphère privée contre toute immixtion”, a dit le ministre suisse.

Son collègue autrichien, Josef Pröll, a ajouté: “Le secret bancaire n’a rien à voir avec la crise financière”.

Les grandes puissances mondiales du G20, qui se réunissent le 2 avril à Londres pour tenter d’améliorer le fonctionnement et la transparence du système financier international à la lumière de la crise récente, veulent s’attaquer au paradis fiscaux.

La France a récemment laissé plané la menace de l’inscription de la Suisse notamment sur une telle liste du G20. Et elle a critiqué à plusieurs reprises le Luxembourg également, qui avec l’Autriche et la Belgique est un des trois pays de l’Union européenne à pratiquer le secret bancaire.

Paris et Berlin ont aussi proposé en vue du sommet de Londres que les pays du G20 rompent les conventions bilatérales avec les pays jugés “non coopératifs”.

La rencontre de Luxembourg avait pour but de permettre à la Suisse, au Luxembourg et à l’Autriche d’adopter une stratégie commune avant le G20.

La pression pesant sur ces pays s’est nettement renforcée depuis l’éclatement de la crise financière qui a convaincu la communauté internationale de réguler davantage le secteur bancaire et de lutter contre les paradis fiscaux, dont le secret bancaire est l’une des marques de fabrique.

En février, la banque suisse UBS a été contrainte de livrer à Washington les noms de quelque 300 clients américains soupçonnés de fraude fiscale et de payer une amende de 780 millions de dollars. Et le fisc exige que les noms de 52.000 clients